Journée du journalisme au Honduras : RSF dénonce les attaques contre Radio Globo

À l’occasion de la journée du journalisme au Honduras, Reporters sans frontières (RSF) publie lundi 25 mai un rapport sur Radio Globo, un des médias indépendants les plus écoutés du pays. RSF a recueilli les témoignages de membres de la rédaction qui livrent leur analyse de la situation de la liberté de l’information dans le pays et dénoncent les difficultés auxquelles fait face Radio Globo aujourd’hui. Lire le rapport: ici Dans un rapport intitulé Entre crimes, menaces, et agressions, les journalistes de Radio Globo et Globo TV transmettent l’information, RSF dénonce les pressions subies par le média indépendant Radio Globo, qui se trouve dans le collimateur des autorités honduriennes depuis le coup d’Etat de 2009. Dina Meza, correspondante pour RSF, a pu recueillir les témoignages de plusieurs membres de Radio Globo et leurs perceptions sur les pressions qu’ils subissent. Le rapport met également en lumière la politique répressive qu’exerce l’Etat hondurien à l’encontre des médias indépendants. “La journée du journalisme au Honduras est entachée par la situation déplorable dans laquelle se trouvent les médias indépendants et par l’absence de liberté de l’information dans le pays, déclare Virginie Dangles, adjointe à la direction des programmes de Reporters sans frontières. Nous déplorons le fait que les professionnels des médias honduriens doivent choisir entre la peur et l’autocensure. Nous exhortons les autorités à respecter leurs engagements internationaux et à favoriser la liberté de la presse et de l’information.” Au cours des derniers mois, les employés de Radio Globo ont subi de multiples pressions que RSF n’a eu de cesse de dénoncer. Le 14 mai dernier, le directeur de la radio David Romero Ellner a été la cible de menaces de mort. Le journaliste avait révélé lors de l’émission “Interpretando las Noticias”, l’existence de menaces à son encontre après qu’il a accusé le président Juan Orlando Hernandez d’être impliqué dans une affaire de détournement de fonds de l’Institut hondurien de sécurité sociale (IHSS). Le directeur de Radio Globo a également appris l’existence d’un plan pour l’assassiner et a bénéficié d’une protection policière. Ces menaces sont d’autant plus préoccupantes que le média a déjà souffert cette année de l’assassinat d’Erick Arriaga, opérateur de 21 ans, abattu le 23 février dernier alors qu’il rentrait chez lui. Les autorités, refusant d’établir un lien avec sa profession, ont présenté ce meurtre comme une affaire de gangs. Radio Globo recense aujourd’hui cinq meurtres parmi ses membres. En décembre 2011, Luz Marina Paz Villalobos, présentatrice de programme pour Radio Globo est abattue par des tueurs à gage. En juin 2013, Anibal Barrow, directeur des programmes, a été enlevé puis brutalement assassiné près de San Pedro Sula, quatre mois plus tard jour pour jour c’est le cameraman Manuel de Jésus Murillo Valera qui a été abattu. En décembre de la même année, Juan Carlos Argeñal, correspondant de Radio Globo à Danli, a été assassiné à son domicile. Aux violences physiques s’ajoute le harcèlement judiciaire dont sont victimes plusieurs journalistes. RSF a condamné à plusieurs reprises les sanctions judiciaires à l’encontre de Julio Ernesto Alvarado, qui s’est vu interdire, à l’issue d’un procès fleuve, la possibilité d’exercer la profession de journaliste pour une durée de 16 mois. Cette décision a été confirmée par la cour d’appel en décembre 2014 alors que la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) avait accordé des mesures conservatoires au journaliste quelques semaines plus tôt. Alvarado s’est confié à notre correspondante en ces mots : “Nous sentons la persécution, parfois de manière évidente et parfois de manière plus subtile. Je dois avouer que je n’ai pas la même liberté qu’avant. J’ai peur des tueurs à gage, des poursuites judiciaires, des paramilitaires, et même des pressions du gouvernement …Une situation qui empire Depuis le coup d’Etat de 2009, le Honduras fait partie des pays d’Amérique latine les plus dangereux pour la profession : plusieurs médias indépendants ont été confrontés à des menaces, des agressions et des assassinats. RSF recense douze meurtres de journalistes au Honduras dans le baromètre de la liberté de la presse depuis le coup d’Etat de 2009. Une situation d’autant plus préoccupante que l’impunité pour les crimes commis contre les professionnels des médias semble être la règle : selon la Commission nationale des droits de l’homme (Conadeh), 96% des assassinats de journalistes recensés depuis 2003 restent impunis. A ces éléments s’ajoutent les pressions des autorités pour museler la liberté de l’information, à travers des procédures judiciaires contre les médias indépendants et la construction d’un cadre légal propice à la censure. Lors de son Examen Périodique Universel le 8 mai 2015, le gouvernement hondurien a présenté la Loi sur les secrets officiels et la classification de l’information publique votée par le Congrès le 13 janvier 2014 comme une avancée pour la liberté d’expression. Mais l’objet de la loi, qui transfère à chaque administration d’Etat le pouvoir d’établir la classification des données d’intérêt public, a été dénoncé par RSF comme une entrave supplémentaire à la liberté de l’information dans le pays. Le phénomène de concentration de l’information par plusieurs grands groupes de médias et les pratiques de « presse tarifée » restreignent gravement la diffusion d’une information indépendante et critique. Le Honduras figure au 132e rang sur 180 pays selon le Classement mondial de liberté de la presse de Reporters sans frontières publié en février 2015.
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Updated on 20.01.2016