"J'ai été arrêté illégalement", affirme Nazari Paryani après sa libération
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Reporters sans frontières salue la libération, le 21 janvier 2009, de Nazari Paryani, journaliste du quotidien Payman, après huit jours de détention à Kaboul. Il a bénéficié d'une libération provisoire et le procureur est toujours saisi du dossier. Reporters sans frontières demande que les poursuites contre Payman soient abandonnées au plus vite.
Interrogé par Reporters sans frontières, Nazari Paryani, épuisé par cette épreuve, a affirmé : "J'ai été arrêté illégalement et contre tous les principes et les lois nationales et internationales. Le responsable de l'enquête au parquet de Kaboul est entré dans notre bureau avec des policiers et ils m'ont arrêté avec six autres collègues. Ils ont expliqué qu'ils venaient sur ordre du président de la République et du procureur. (...) J'ai été interrogé deux fois. Le premier jour dans le bureau du responsable de l'enquête au parquet de Kaboul. J'ai expliqué qu'en tant que responsable des pages d'informations, je n'avais aucune responsabilité dans cette erreur regrettable. Je pense qu'ils ont compris mais ils m'ont gardé en détention. Le lendemain, dans la prison, ils ont réitéré leurs questions et j'ai répondu la même chose.
On m'a détenu parmi les prisonniers de droit commun. C'était une humiliation en tant que journaliste d'être arrêté illégalement et détenu avec des criminels et des délinquants. J'ai été libéré sur ordre du Président mais je suis toujours sous surveillance judicaire. Et le dossier contre le journal est toujours ouvert."
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21.01.2009
Un journaliste de Payman injustement maintenu en détention
Reporters sans frontières proteste contre la décision du procureur général d'Afghanistan de maintenir en détention Nazari Paryani, responsable des pages d'informations du journal Payman. Il est incarcéré depuis le 13 janvier 2009, au centre de détention provisoire de Kaboul.
"Le journal a publié par erreur un texte qui contient des jugements ambigus sur les religions, mais Nazari Paryani n'a aucune responsabilité directe dans cette bévue. Etant donné que Payman a présenté ses excuses, le journaliste doit être libéré. A la lecture du texte publié, on comprend mal l'acharnement des autorités contre la rédaction de Payman. Nous nous inquiétons d'une politisation excessive des affaires liées à la protection de la religion officielle", a déclaré Reporters sans frontières.
Le 13 janvier, des policiers ont fait irruption au siège de quotidien Payman à Kaboul et ont arrêté sept journalistes, dont Nazari Paryani, pour publication d'un "article blasphématoire", trois jours plus tôt. Au bout de quelques heures, six journalistes ont été libérés mais Nazari Paryani a été maintenu en détention. Malgré les interventions de responsables de l'Union nationale des journalistes d'Afghanistan qui ont pu lui rendre visite, les autorités ont refusé, le 20 janvier, de libérer le journaliste sous caution bien qu'aucune charge n'a été retenue contre lui. Une délégation de Reporters sans frontières présente au moment de son arrestation à Kaboul est intervenue auprès du ministère de l'Information en sa faveur.
Les responsables judicaires ont lancé un mandat d'arrêt contre Syed Ahmad Hashemi, le directeur du journal actuellement à l'étranger.
Selon des journalistes de Kaboul, cette détention vise à satisfaire le Conseil des oulémas dont le président, le mollah Shinwari, a publié le lendemain de la parution de cet article, un communiqué condamnant l'islamophobie du journal.
Induit en erreur par un titre quasi identique entre un texte publié sur le site www.khawaran.com et un éditorial écrit pour le journal, un employé de Payman a publié ce document rédigé avant sa mort par une voyante bulgare. Le document comporte quelques prophéties sur l'islam qui ont été jugées insultantes.
Le journal a publié un mot d'excuse dans le numéro du lendemain, précisant que les "journalistes de Payman sont tous musulmans et n'ont jamais insulté les croyance religieuses".
Le journal est critique envers le gouvernement et publie régulièrement des articles sur la corruption. Des membres de la rédaction ont été menacés à plusieurs reprises et le ministre du Commerce a récemment convoqué un journaliste dans son bureau pour "demander une explication" sur une enquête.
Contacté par Reporters sans frontières, Mahsa Taee, l'une des responsables de Payman, a déclaré que le "journal a été pris en otage par la politique et le gouvernement est derrière cette affaire. Normalement, la Commission de régulation des médias doit donner son avis dans les affaires de presse et c'est à elle de décider si le dossier doit être renvoyé devant la justice. Mais le procureur a décidé d'intervenir lui-même."
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Updated on
20.01.2016