Italie : grave atteinte au secret des sources après une perquisition au domicile d’un journaliste spécialiste de la mafia

Reporters sans frontières (RSF) dénonce la perquisition menée au domicile du journaliste d’investigation, spécialiste de la mafia, Salvo Palazzolo, à la demande du procureur de Catane (Sicile) et réclame des explications.

 

Le domicile du journaliste de La Repubblica, Salvo Palazzolo, a été perquisitionné -son téléphone et son ordinateur ont été fouillés- le 13 septembre 2018 à la demande du procureur de Catane (Sicile) dans le cadre d'une enquête sur une fuite présumée d'informations et d’une violation du secret de l'instruction. Le spécialiste des réseaux criminels qui a été mis en examen, est accusé d'avoir révélé des informations en mars dernier sur l'enquête relative au “massacre de la Via d'Amelio” - un attentat attribué à la mafia sicilienne qui a coûté la vie au juge Paolo Borsellino et à cinq membres de son escorte en 1992-  

 

Salvo Palazzolo enquête depuis des années sur les nombreuses stratégies de diversion mises en place par les autorités qui empêchent encore aujourd’hui l’opinion publique de comprendre si la mafia sicilienne a agi seule ou non dans l'organisation de l'attentat contre Borsellino ou si des policiers seraient impliqués.

 

“RSF demande aux autorités compétentes de s’expliquer sur cette grave atteinte au secret des sources, déclare Pauline Adès-Mével, responsable de la zone UE-Balkans de RSF. L’essence du travail du journaliste d’investigation est de rendre compte des informations utiles pour l’opinion publique. Il est impératif que des journalistes comme Salvo Palazzolo dont le professionnalisme n’est plus à démontrer, puissent continuer d’enquêter sans crainte d’être inquiétés par les autorités. En aucun cas, ils ne devraient être traités comme les criminels sur lesquels ils enquêtent.”

 

L’affaire provoque un tollé dans le pays, où le journaliste de la Reppublica, convoqué la semaine prochaine par la commission régionale anti-mafia, est soutenu publiquement par l’ensemble des médias et des organisations professionnelles.

 

Enquêter sur un réseau mafieux en Italie, qui occupe la 46e place au Classement de la liberté de la presse établi en 2018 par RSF fait souvent peser des risques mortels sur les journalistes, dont une dizaine bénéficient d’une protection policière permanente pour cette raison. 

Publié le
Mise à jour le 16.09.2018