Interpellations et menaces dans un contexte sécuritaire durci

Plusieurs dissidents chinois ont exprimé à Reporters sans frontières leur crainte d'être empêchés de communiquer à l'approche du 8 août 2008, date de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Pékin. Placement en résidence surveillée, contrôle policier, surveillance des communications et intimidations sont de plus en plus fréquents. Ainsi, plusieurs journalistes étrangers ont récemment été empêchés de rendre visite à l'épouse du dissident Hu Jia, lui même détenu depuis décembre 2007. On est par ailleurs toujours sans nouvelles de Huang Qi et de ses collaborateurs du site Internet tianwang, détenus au secret depuis plus d'un mois à Chengdu, dans la province du Sichuan. L'organisation Chinese Human Rights Defenders a recensé plusieurs violations récentes de la liberté d'expression. Le 10 juillet 2008, par exemple, Fan Ziliang, avocat, a été arrêté par une dizaine de policiers du Bureau de la Sécurité publique de Huzhou (Zhejiang). Il a été interrogé sur ses contacts avec le militant démocrate Zhang Guoting et à propos d'un article écrit à son sujet par le dissident Deng Huanwu. Si la police a relâché Fan Ziliang le lendemain de son arrestation, son ordinateur a été confisqué. Le 3 juin 2008, l'avocat avait déjà été arrêté pour avoir commémoré le massacre de la place Tiananmen. Reporters sans frontières déplore également l'arrestation par les autorités, le 8 juillet 2008, de Chen Xi, Liao Shuangyuan et Wu Yuqin, pour avoir enquêté sur le décès d'une adolescente dans le canton de Wengan (Guizhou). Le 28 juin dernier, des milliers de résidents du canton avaient manifesté contre le Bureau local de la Sécurité publique, accusant la police de cacher les véritables causes de la mort de la jeune fille. Après cet incident, Chen Xi, Liao Shuangyuan et Wu Yuqin avaient formé "une unité citoyenne d'investigations" pour enquêter sur les circonstances du décès. Les trois hommes ont été arrêtés à Wengan par la police et transférés à Guiyang, capitale de la province du Guizhou. Lors des interrogatoires, la police a confisqué leurs caméras, carnets de notes etenregistreurs, qui contenaient des informations relatives aux véritables circonstances du décès de l'adolescente. Les trois hommes ont été relâchés le lendemain, mais placés en résidence surveillée. Suite aux émeutes de Wengan, des journalistes locaux ont reçu l'ordre de ne pas publier d'informations en défaveur de la police. Au niveau national, les médias ont été autorisés à évoquer ces manifestations, mais seulement en citant la version officielle. Sur Internet, en revanche, de nombreux témoignages ont circulé, obligeant les autorités à sanctionner les officiels impliqués. Par ailleurs, le militant des droits de l'homme Yuan Xianchen est détenu depuis le 28 mai 2008 pour avoir défendu les droits des travailleurs de la mine de Didao, près de Jixi, dans la province de Heilongjiang. Il serait également emprisonné pour avoir aidé à collecter des signatures pour la pétition "Nous voulons les droits de l'homme, pas les JO". Et le 15 juillet, les autorités pénitentiaires ont obligé l'écrivain et militant Lu Guengsong à se raser la tête dans la prison de Hangzhou Xijiao où il est détenu. Enfin, la presse étrangère continue de rencontrer des difficultés lorsqu'elle enquête sur certains sujets sensibles. Récemment, une équipe de la télévision allemande ZDF, dont la présentatrice Marietta Slomka, a été bloquée par la police alors qu'elle tentait de filmer dans un quartier où ont eu lieu des expropriations. Et le 11 juillet, Chen Yang, un des reporters du Ming Pao, journal de Hong Kong, s'est fait confisquer son appareil photo et sa carte mémoire par des policiers, alors qu'il prenait des clichés d'une manifestation de petits investisseurs protestant contre le détournement de 170 millions de yuans (17 millions d'euros ) par Guo Yuanfeng, président du "China Commodity Spot Exchange" à Pékin.
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Updated on 20.01.2016