Inde : un reporter gravement blessé à cause d’un article sur un ministre du Tamil Nadu

Le journaliste, basé dans cet Etat du sud de l’Inde, a été agressé le 3 mars dans la ville de Sivakasi. Reporters sans frontières (RSF) demande des sanctions immédiates contre les auteurs de l’attaque, et surtout contre ses commanditaires.

Le crâne fendu, la mâchoire brisée, le corps couvert de lésions… Le journaliste, connu sous le nom de M. Karthi, a échappé à la mort de justesse, mardi 3 mars, lorsqu'il a été agressé par un groupe d'individus armés de barres de fer. L’un des assaillants a crié : “Tu veux publier tes infos, salaud ? On va te tuer aujourd’hui !”


Journaliste à l’hebdomadaire régional Kumudham Reporter, M. Karthi avait signé un article, paru le matin-même, sur des dissensions au sein du All India Anna Dravida Munnetra Kazhagam (AIADMK), le principal parti politique du Tamil Nadu. Plus précisément, l’article évoquait la possible défaite du clan du ministre régional des produits laitiers Rajendra Balaji, face à celui de Raja Varman, député au Parlement du Tamil Nadu.


Selon le témoignage du reporter M. Karthi, le ministre Balaji lui avait téléphoné juste avant l’attaque pour lui faire part de son mécontentement. Surtout, la victime a pu identifier deux de ses assaillants, des militants du clan Balaji surnommés Sellapandi et Poomurugan - ce qui a permis à la police de les arrêter deux jours plus tard. D'après le commissaire de police de Virudhunagar, en charge de l’enquête, Sellapandi est déjà soupçonné d’avoir pris part au meurtre d’un autre journaliste, Karthigai Selvan, perpétré en janvier 2017 dans la même ville, et dans des conditions très similaires.


“Il est inadmissible qu’un individu impliqué dans le meurtre d’un journaliste puisse, trois ans plus tard, mener une attaque contre un autre reporter en toute impunité, déplore Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF. Tout porte à croire que la responsabilité de cette assaut incombe en premier lieu au ministre Rajendra Balaji. A ce titre, nous demandons au Premier ministre du Tamil Nadu, Edappadi K. Palaniswami, de limoger ce ministre afin qu’il soit, à terme, transféré devant la justice. L’impunité doit cesser.


Rajendra Balaji est connu pour avoir régulièrement incité ses partisans à user de violence contre ses adversaires. En février, lors d’une conférence de presse, il avait dit aux journalistes présents qu’ils “n’avaient pas à poser de questions sur la politique”. En 2019, il avait souhaité qu’on coupe la langue de l’un de ses opposants. 


L’Inde se situe à la 140e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2019 par RSF.



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Mise à jour le 06.03.2020