Inde : un an de détention pour un journaliste critique du nationalisme hindou

Un reporter et éditorialiste du Nord-Est de l’Inde a été officiellement placé, aujourd’hui, en détention préventive aux termes de la loi sur la sécurité nationale pour avoir critiqué l’exécutif local et le Premier ministre Narendra Modi dans une vidéo.

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Actualisation

Le 8 avril, la Haute Cour du Manipur a annulé l’ordonnance de détention prononcée contre Kishorechandra Wangkhem après qu’il a dû passer 133 jours derrière les barreaux. RSF salue cette décision et appelle les autorités à s’assurer que le journaliste recouvrera au plus vite sa liberté. 

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Un an de prison sans autre forme de procès… C’est le prix que doit payer le journaliste Kishorechandra Wangkhem pour avoir osé critiquer le nationalisme hindou. Le reporter et éditorialiste de la chaîne de télévision ISTV a été officiellement avisé de cette décision, ce jeudi 19 décembre, par les autorités de l’Etat du Manipur, dans le nord-est de l’Inde.


L’objet de cette détention ? On lui reproche d’avoir publié sur Facebook une vidéo dans laquelle il aurait notamment qualifié le chef de l’exécutif local de “marionnette” du Premier ministre indien Narendra Modi et du Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS, ou “Corps des volontaires nationaux”), l’organisation paramilitaire matrice du nationalisme hindou et du BJP, le parti au pouvoir.


“Il est intolérable qu’un journaliste soit jeté pendant un an derrière les barreaux simplement pour avoir critiqué le pouvoir en place, déplore Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF. L’acharnement des autorités du Manipur pour punir Kishorechandra Wangkhem, avec la bénédiction de New Delhi, est un terrible avertissement pour toute la profession. Nous exigeons sa libération immédiate, tant l’arbitraire de cette décision est indigne de la démocratie indienne.”


Un an de prison sans le moindre jugement


Peu après la publication de la vidéo controversée, Kishorechandra Wangkhem a été arrêté une première fois le 21 novembre par la police d’Imphal, la capitale régionale, pour “sédition” en vertu du Code pénal indien. Il a logiquement été libéré sous caution peu de temps après, sur intervention d’un tribunal local qui a considéré que la vidéo controversée n’était que “la simple expression d’une opinion contre la conduite publique de figures publiques”.


Désavouées, les autorités ont alors invoqué la Loi sur la sécurité nationale pour procéder à une nouvelle arrestation le 26 novembre. Ce texte draconien permet à l’exécutif de détenir quiconque pour une durée maximale d’un an sans le moindre jugement. Selon les responsables locaux, cette décision prise aujourd’hui jeudi vise à “empêcher le journaliste d’agir d’une quelconque manière préjudiciable à la sécurité de l’Etat”.


En juillet dernier, RSF a déclenché une “procédure d’alerte” sur la place de l’Inde au Classement mondial de la liberté de la presse dans la prochaine édition. Le pays est aujourd’hui classé 138e sur 180.

Publié le
Updated on 09.04.2019