Google lance une version censurée de son moteur de recherche

Reporters sans frontières est écoeurée d'apprendre que Google a décidé de lancer en Chine une version censurée de son moteur de recherche. Désormais, les internautes chinois devront se contenter des contenus validés par les autorités de Pékin. Exit les informations sur le Tibet, la démocratie ou les droits de l'homme en Chine.

Reporters sans frontières est écoeurée d'apprendre que Google a décidé de lancer en Chine une version censurée de son moteur de recherche. Désormais, les internautes chinois devront se contenter des contenus validés par les autorités de Pékin. Exit les informations sur le Tibet, la démocratie ou les droits de l'homme en Chine. "Le lancement de Google.cn marquera un jour noir pour la liberté d'expression en Chine. Alors que cette entreprise défend les droits des internautes américains face à la justice américaine, elle bafoue ceux de ses utilisateurs chinois. Les déclarations offusquées de Google sur le respect de la confidentialité des internautes apparaissent comme un comble d'hypocrisie à la lumière de leur stratégie en Chine. Comme ses concurrents, cette entreprise nous explique qu'elle n'a pas le choix, car elle doit se plier aux lois locales. Mais cet argument a fait long feu. La liberté d'expression n'est pas un principe accessoire, que l'on peut mettre de côté lorsqu'on opère dans une dictature. C'est une valeur reconnue par la Déclaration universelle des droits de l'homme et inscrite dans la constitution chinoise. En matière de censure, les entreprises américaines se plient aujourd'hui aux mêmes règles que leurs concurrentes chinoises. Elles continuent pourtant de se justifier en invoquant l'effet bénéfique de leur activité sur le long terme. Mais une chose est sûre : l'Internet chinois s'isole de plus en plus du reste du monde, et la liberté d'expression y est de plus en plus réduite. Les prophéties de ces entreprises sur l'avenir d'un Réseau libre et sans frontières servent à dissimuler des fourvoiements éthiques inacceptable". Le 25 janvier 2006, la société californienne a affirmé son intention de lancer un nouvel outil, Google.cn, pour améliorer le service offert à ses clients chinois. Elle déclare que son nouveau moteur de recherche, hébergé en Chine, sera plus rapide. Elle reconnaît que ce service sera censuré, conformément à la "loi locale", mais explique que, si filtrer l'information va à l'encontre de ses principes, il serait bien pire de ne pas fournir d'information du tout aux internautes chinois. Jusqu'à présent, Google censurait uniquement son outil d'actualité, Google News, excluant les contenus provenant de sites interdits par les autorités. Son moteur de recherche classique, hébergé aux Etats-Unis et accessible à l'adresse www.google.com/intl/zh-CN, n'était pas filtré. Google était ainsi le dernier des grands moteurs de recherche étrangers à n'avoir pas censuré sa version chinoise. Ainsi, Yahoo ! collabore depuis plus de trois ans avec les services de censure locaux. En lançant une version n'intégrant pas les contenus "subversifs", l'entreprise facilite le travail de filtrage du Net effectué par Pékin. En effet, un site Web qui n'est pas répertorié par les moteurs de recherche a peu chance d'être trouvé par les internautes. Désormais, même si une publication sur les droits de l'homme n'est pas bloquée par les pare-feu locaux, elle n'a aucune chance de trouver un écho en Chine. En mai 2005, Reporters sans frontières avait écrit aux fondateurs de Google, Larry Page et Sergey Brin, pour leur demander s'ils comptaient accepter de censurer la version chinoise de leur moteur de recherche. L'organisation s'inquiétait dans son courrier de certaines décisions prises par Google. En effet, en juillet 2004, Google avait pris une participation dans l'entreprise chinoise Baidu, qui commercialise un moteur de recherche ultra-censuré en Chine. Peu après, la société californienne avait demandé et obtenu l'autorisation d'ouvrir un bureau sur le territoire chinois, un agrément toujours assorti de conditions de la part des autorités. Reporters sans frontières a publié, le 6 janvier, six recommandations pour s'assurer que les entreprises du secteur d'Internet respectent la liberté d'expression lorsqu'elles opèrent dans des pays répressifs. ------------- Créer votre blog avec Reporters sans frontières : www.rsfblog.org
Publié le
Updated on 20.01.2016