Le fondateur du site d’information Uyghurbiz.net, Ilham Tohti, détenu depuis le 15 janvier 2014, a été officiellement accusé, le 30 juillet, de “séparatisme”, un crime passible de peine de mort. Après les mauvais traitements subis en détention par l’intellectuel ouïghour et les multiples violations du droit de la défense, cette accusation infondée démontre la volonté du pouvoir chinois d’en finir avec celui qu’elle considère comme un dissident.
Détenu au secret, privé de nourriture pendant une dizaine de jours et d’avocat pendant plus de six mois, le journaliste citoyen
Ilham Tohti s’est vu officiellement inculpé de séparatisme le 30 juillet 2014. Ce professeur à l’Université centrale des nationalités de Pékin et fondateur du site internet
Uygurbiz, qui promeut les échanges culturels entre les cultures han et ouïghoure, avait été
arrêté à son domicile pékinois, le 15 janvier dernier, peu après avoir exprimé son inquiétude quant à la répression croissante faisant rage dans la province du Xinjiang (ouest du pays). Sa famille n’avait eu
aucune nouvelle de lui pendant plusieurs semaines. Son avocat, Li Fangping, n’a été autorisé à le rencontrer à Urumqi qu’à partir du 25 juin.
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L’accusation de séparatisme dont est affublé Ilham Tohti intervient dans un contexte de violence au Xinjiang, que Pékin essaye d’attribuer aux séparatistes alors qu’il s’agit davantage d’une lutte pour la restauration de droits civiques et pour la fin des discriminations dont la minorité ouïghoure fait l’objet. Cette accusation injuste illustre à la fois la stratégie du président chinois Xi Jinping et son mépris pour les droits de l’homme, la liberté de l’information et d’expression, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières.
Nous appelons l’ensemble de la communauté internationale à emboîter le pas aux Etats-unis et à réclamer la libération d’Ilham Tohti dans les plus brefs délais”.
Ilham Tohti
avait déjà été détenu en 2009, sans que les autorités ne donnent plus d’informations à son sujet, indiquant dans un premier temps qu’il était “parti en vacances”.
La Chine se positionne à la 175e place sur 180 pays dans le
Classement mondial de la liberté de la presse 2014 établi par Reporters sans frontières.