Le 28 juin 2004, le ministre de la Communication, Clermont Gervais Mahazaka, a ordonné la fermeture de Radio Say. Reporters sans frontières dénonce un acte de censure s'inscrivant dans un contexte de durcissement du gouvernement à l'égard des médias.
Le 28 juin 2004, par la décision n°002/2004-MTPC, le ministre malgache de la Communication, Clermont Gervais Mahazaka, a ordonné la fermeture de Radio Say, pour "diffusion de fausses nouvelles, dénigrement, outrages et injures envers le président de l'Assemblée nationale et un membre du gouvernement, non-respect du cahier des charges".
"Ces accusations ne se basent sur aucun fait précis et ne constituent qu'un prétexte pour faire taire un média plutôt virulent à l'égard du gouvernement. Cet acte qui s'apparente à une censure s'inscrit dans un contexte de durcissement vis-à-vis de la liberté de la presse, étonnant de la part d'un Etat réputé ouvert et tolérant dans ce domaine." a déclaré Reporters sans frontières. "Nous nous inquiétons de cette situation et nous demandons aux autorités de revenir sur cette fermeture arbitraire", a ajouté l'organisation.
Située à Tulear, ville côtière du sud du pays, Radio Say s'est vue interdite d'émettre à la suite de la visite dans la ville d'une délégation gouvernementale. Celle-ci était venue enquêter sur un attentat à la grenade, le 25 juin dernier, lors des festivités du 44e anniversaire de l'indépendance du Madagascar, qui a fait un mort et une trentaine de blessés.
Alors même qu'il n'existe aucun lien entre cet incident et les activités de la radio, Clermont Gervais Mahazaka a exigé sa fermeture jusqu'à nouvel ordre, sans avancer le moindre fait pour appuyer ses accusations.
Radio Say est un média indépendant, connu pour sa liberté de ton, qui appartient à un ancien ministre proche de Didier Ratsiraka, qui a régné sur le Madagascar de 1975 à 1993 et de 1995 à 2002 avant d'être battu aux élections par l'actuel chef de l'Etat Marc Ravalomanana, au terme de plusieurs mois de troubles et d'affrontements dans le pays.
La censure de Radio Say n'est pas un acte isolé. Depuis le début de l'année 2004 et l'arrivée de Clermont Gervais Mahazaka au poste de ministre de la Communication, plusieurs atteintes à la liberté d'information ont été enregistrées dans ce pays où les médias privés travaillent habituellement sans contraintes.
En février, Radio Sava a été victime de la même sanction. La station appartient à Pety Rakotoniaina, maire de Fianarantsoa, ancien partisan de Marc Ravalomanana, passé depuis dans l'opposition. Elle n'a toujours pas repris ses activités
Par ailleurs, le quotidien La Gazette de la Grande Ile, a reçu une lettre de mise en demeure du ministre Mahazaka, pour avoir reproduit dans ses colonnes une déclaration de Jean Lahiniriko, président de l'Assemblée nationale, qui annonçait le décès d'une des victimes de l'attentat de Tulear.