Enquête sur la mort d'Alisher Saipov : la piste professionnelle une nouvelle fois écartée

Reporters sans frontières exprime son inquiétude après les déclarations d'un porte-parole du ministère de l'Intérieur kirghize, lors d'une conférence de presse organisée à Bichkek, le 21 novembre 2008, écartant la piste professionnelle des motifs possibles de l'assassinat d'Alisher Saipov, sans apporter d‘éléments décisifs. “Etant données les positions défendues par le journaliste et les conditions de sa mort, nous sommes plus que sceptiques sur le bien-fondé de cette décision. L'orientation récente de l'enquête, mettant en avant l'implication du fils de l'ancien ministre des Affaires étrangères, alimente notre inquiétude. Nous demandons aux autorités de faire preuve de transparence et de faire connaître les éléments de preuve qui les ont conduites à ces conclusions”, a déclaré l'organisation de défense de la liberté de la presse. “Nous n'oublions pas que seule la persévérance des proches d'Alisher Saipov et de la communauté journalistique a permis que l'enquête soit reprise après plusieurs interruptions. La volonté des autorités kirghizes d'élucider cette affaire est loin d'être établie. Nous ne nous satisferons pas de la désignation de boucs émissaires” , a conclu Reporters sans frontières. Le 21 novembre 2008, à Bichkek (capitale), Dmitri Fedorov, vice-ministre de l'Intérieur, a déclaré que l'enquête sur la mort du journaliste était prolongée en raison de l'apparition de nouveaux éléments. Il a précisé que ses services avaient écarté la piste professionnelle et n'examinaient plus l'hypothèse selon laquelle '“Alisher Saipov a été abattu pour une raison politique”. Il a ensuite ajouté que le fils d'un opposant et ancien ministre des Affaires étrangères, Alikbek Djekchenkoulov, était recherché dans le cadre de cette affaire. Selon le ministère de l'Intérieur, l'expertise balistique réalisée sur les projectiles prélevés sur le corps du journaliste a révélé que ceux-ci avaient été tirés à partir d'un pistolet Makarov, en possession de la police. Cette arme aurait été utilisée lors d'une altercation ayant opposé deux groupes de jeunes en février 2008, près d'une boîte de nuit de la capitale. Le ministère de l'Intérieur affirme que Bekkoul Djekchenkoulov, le fils de l'opposant, dirige l'un de ces groupes. L'ancien ministre des Affaires étrangères kirghize estime, quant à lui, être visé à travers ces accusations et a démenti toute implication de son fils dans l'assassinat. Il a précisé que celui-ci avait été entendu en qualité de témoin dans l'affaire du club “X.O.”, et ajouté que les résultats de l'expertise étaient connus depuis plusieurs mois, mais que ceux-ci étaient utilisés aujourd'hui dans le but d'affaiblir l'opposition. Selon son père, Bekkoul Djekchenkoulov se trouverait à l'étranger.
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Updated on 20.01.2016