Deux journalistes ougandais et un collaborateur local relâchés après quatre jours de détention
Reporters sans frontières est soulagée d'apprendre la libération, le 31 juillet 2013, des deux journalistes ougandais, Hillary Ayesiga et Justine Dralaze, et leur fixeur sud-soudanais, Sunday David Tut.
Les deux journalistes travaillant pour Feature Story News (FSN) avaient demandé l'autorisation de faire un reportage à Juba dès leur arrivée dans le pays, le 26 juillet dernier. Anticipant la délivrance de cette dernière, les journalistes ont reconnu avoir commencé à travailler sans accréditation, provoquant ainsi leur arrestation. Ils affirment ne pas avoir été maltraités pendant leur détention.
Selon les informations obtenues par Reporters sans frontières, le Premier ministre ougandais, Amama Mbabazi, s'était entretenu avec le président sud-soudanais, Salva Kiir, peu de temps avant la remise en liberté des trois professionnels des médias. Les deux journalistes ougandais ont ensuite été transférés au ministère de l'Information et devaient prendre un avion pour l'Ouganda le 31 juillet dans l'après-midi.
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30.07.2013 - Deux journalistes ougandais et un collaborateur local détenus à Juba depuis trois jours
Reporters sans frontières proteste vigoureusement contre la détention, par l'Armée populaire de libération du Soudan (Sudanese People's Liberation Army – SPLA, l'armée du Soudan du Sud), de deux journalistes ougandais et de leur confrère sud-soudanais. Hillary Ayesiga et Justin Dralaze, ainsi que leur fixeur, Sunday David Tut, employé de la station de radio sud-soudanaise Liberty FM, ont été arrêtés le 27 juillet 2013, dans la capitale Juba, sur la route de l'aéroport.
"Le silence des autorités sur le lieu de détention de ces trois acteurs de l'information, leur état de santé et les griefs qui leur sont reprochés est inacceptable et inquiétant. Nous dénonçons le fait que les trois hommes n'aient eu aucun contact avec l'extérieur depuis leur arrestation et craignons qu'ils soient soumis à des mauvais traitements", a déclaré Reporters sans frontières.
"Nous demandons aux autorités sud-soudanaises de procéder à leur libération immédiate et sans conditions. Le gouvernement de Juba se doit de fournir des explications sur leur arrestation et leur détention prolongée", a ajouté l'organisation qui, dans un rapport publié en 2012, avait déjà critiqué la paranoïa sécuritaire du régime et la brutalité des forces de sécurité.
Après leur arrestation, les trois journalistes ont été conduits au siège de la Sécurité nationale (National Security Headquarters), un bâtiment tristement célèbre pour les mauvaises conditions de détention des personnes qui y sont gardées à vue. Il leur serait reproché d'avoir filmé le long de la route de l'aéroport sans autorisation. Certaines autorités à Juba affirment que les trois hommes n'avaient aucun document prouvant leur statut de journalistes.
Hillary Ayesiga est journaliste pour la chaîne de télévision chinoise CCTV. Le vidéo-journaliste Justin Dralaze est, quant à lui, un ancien correspondant de Reuters en Ouganda. Tous deux séjournent actuellement à Juba pour le compte du média américain Feature Story News (FSN). Ils couvrent les derniers développements sécuritaires et politiques sur place, suite à la dissolution par le président Salva Kiir de l'intégralité de son cabinet, le 23 juillet dernier, et à l'instauration d'un couvre-feu dans la capitale.
L'ambassade d'Ouganda à Juba a affirmé, le 29 juillet 2013, qu'un rendez-vous officiel sur la situation des journalistes avait été fixé avec les autorités sud-soudanaises, mais cette réunion, prévue pour le 30 juillet, a été annulée à la dernière minute par les autorités locales. A ce jour, Juba n'a fourni aucune information sur la situation des trois journalistes, qui risquent de passer leur quatrième nuit en détention.
En juillet 2012, un an après l'indépendance du pays, Reporters sans frontières avait publié un rapport d'enquête sur les médias au Soudan du Sud. Lire "La voie des libertés reste à ouvrir dans le plus jeune Etat du monde".
Le Soudan du Sud occupe la 124e place, sur 179 pays, dans le classement mondial 2013 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières. Classé pour la première fois en 2012, le pays a donc perdu treize places l'année suivante.
Photos : Le Siège de la sécurité nationale, à Juba
- Hillary Ayesiga à Kasese, Ouganda
- Justin Dralaze (à droite)