Six ans après l’assassinat de Christopher Allen au Soudan du Sud et l’absence de justice, RSF appelle les États-Unis à mener une enquête

Après six ans de faux-semblants, voire d’insultes à sa mémoire par les autorités du Soudan du Sud, une enquête crédible doit être menée sur l’assassinat de l’anglo-américain Christopher Allen, tué alors qu’il couvrait le conflit civil dans le pays en 2017. RSF appelle à une enquête qui soit désormais menée par les Etats-Unis.

Le journaliste indépendant, alors âgé de 26 ans, Christopher Allen, doté de la double nationalité britannique et américaine, a été abattu par de multiples coups de feu alors qu’il couvrait un affrontement à Kaya, à proximité de la frontière entre le Soudan du Sud et l’Ouganda, le 26 août 2017. Muni de son appareil photo, il suivait les forces rebelles depuis trois semaines. Les informations disponibles révèlent que le ciblage délibéré du journaliste et le traitement réservé à son corps après son décès, dont des clichés l’exhibant comme un trophée, relèvent de crimes de guerre.

RSF salue les efforts renouvelés du gouvernement américain pour demander des comptes aux autorités du Soudan du Sud, parmi lesquels une déclaration commune des ambassades des États-Unis et du Royaume-Uni à Juba cette semaine. Il reste que six ans plus tard, aucune enquête n’a été menée et que la famille endeuillée de Christopher Allen reste sans réponses à ses questions.

« Six années sans enquête signifie six longues années sans justice. Alors que le gouvernement du Soudan du Sud devrait rendre des comptes pour ce crime odieux, son ministre de l’Information a proféré de grossières insultes à l’encontre de la famille de Christopher Allen et de sa mémoire. L’échec de Juba à désigner une quelconque responsabilité nous a montré qu’une enquête menée par les États-Unis est la seule voie pour identifier tous les responsables de l’assassinat du journaliste et les amener devant une pleine justice pénale.

Clayton Weimers
Clayton Weimers, directeur de RSF États-Unis

L’incapacité du gouvernement du Soudan du Sud à rendre justice à Allen a été rendue plus flagrante encore par son attitude désinvolte à l’égard de cette affaire. Immédiatement après l’assassinat du journaliste, des photos dégradantes montrant son corps nu ont été partagées en ligne. Plus récemment, lors de la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes, le 2 novembre 2022, le ministre de l’Information Michael Makuei a été jusqu’à rendre Christopher Allen responsable de sa propre mort, l’accusant d’être un « rebelle blanc » - en d’autres termes, un mercenaire.

RSF a apporté son soutien à la famille du journaliste dans leur campagne mondiale pour la justice, y compris dans une action de plaidoyer au niveau des Nations unies et des deux gouvernements de Christopher Allen, les États-Unis et le Royaume-Uni. RSF n’a cessé d’invoquer le cas du journaliste auprès du gouvernement américain, notamment par des courriers aux administrations Trump et Biden, et des réunions directes avec le département de la Justice, le département d’État et des membres du Congrès. Pour marquer le cinquième anniversaire de l’assassinat de Christopher Allen en 2022, RSF a organisé l’envoi de lettres de la délégation congressionnelle du Maine au président Biden, la famille du journaliste résidant dans cet État.

RSF continuera d’appeler le gouvernement des États-Unis à lancer sa propre enquête et à obtenir justice pour Christopher Allen.

Le Soudan du Sud occupe le 118e rang sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2023.

Image
118/ 180
Score : 50,62
Publié le