Deux journalistes menacés par un mufti dans une zone tribale
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Reporters sans frontières est très préoccupée par la sécurité de Nasrullah Afridi, correspondant des quotidiens Mashriq et The Statesman, et Khayalmat Shah, président local de l'Union des journalistes des zones tribales (TUJ), dans la Khyber Agency (région à l'ouest de Peshawar), menacés depuis plus de quinze jours par le mufti Munir Shakir. Ce dernier utilise une radio FM clandestine pour appeler ses partisans à des représailles contre les journalistes et ses rivaux.
« Les menaces dont souffrent les journalistes des zones tribales sont inacceptables. Le gouvernement doit réagir et neutraliser ceux - notamment les dirigeants religieux extrémistes - qui harcèlent et censurent les correspondants des publications nationales. Nous appelons à une mobilisation immédiate, aux côtés de la TUJ, pour éviter le pire comme les meurtres, en février 2005, des journalistes Amir Nawab Khan et Allah Noor Wazir, ainsi que la disparition de Hayatullah Khan depuis décembre 2005», a déclaré Reporters sans frontières.
Il y a un an, les reporters Amir Nawab Khan et Allah Noor Wazir ont été tués par des inconnus dans une embuscade, dans la zone tribale du Sud-Waziristan, après avoir couvert la reddition d'un chef de guerre taliban. Ce double crime est resté impuni.
Nasrullah Afridi et Khayalmat Shah font l'objet de menaces après avoir publié des articles sur les affrontements qui opposent deux muftis, Munir Shakir et Pir Saifur Rehman, pour le contrôle de cette zone tribale située au nord-ouest de Peshawar. Le premier religieux a appelé ses partisans à ne pas croire la presse qui, d'après lui, « publie de fausses histoires ». « Je vous prie de lire des journaux comme le Zarb-e-momin (un journal extrémiste interdit) », a-t-il ajouté dans son sermon du vendredi.
« Le mufti Munir est mécontent des journalistes qui évoquent les activités de son rival Pir Saifur Rehman », a déclaré Nasrullah Afridi. Le religieux aurait décrété que les journaux évoquant son rival étaient « des ennemis de l'islam et de la nation tribale ». Il se sert d'une radio FM illégale pour diffuser ses menaces. Les deux reporters ont demandé, le 25 février 2006, la protection du gouvernement.
« Nous ne rentrons pas dans notre ville natale de Bara par peur d'être attaqués par les partisans du mufti », ont déclaré les deux journalistes à Reporters sans frontières le même jour. Le président de la TUJ, Sailab Mehsud, avait dénoncé lors d'une conférence organisée à Peshawar le 18 février, une situation dans les « zones tribales qui va de mal en pis. »
Publié le
Updated on
20.01.2016