Deux journalistes libérés sous caution et trois publications islamistes interdites

Mohammed Tahir, directeur de l'hebdomadaire Wajood, a été libéré sous caution, le 9 septembre 2005, sur ordre de la Cour suprême de la province du Sindh. Il avait été arrêté le 19 juillet puis mis en détention préventive en vertu de l'article 153 du code pénal pakistanais, après avoir publié des extraits d'un livre, considérés par les autorités pakistanaises comme une incitation à la haine religieuse. Par ailleurs, le 5 août, Abdul Lateef Abu Shamil, directeur adjoint de l'hebdomadaire Friday Special, a été libéré sous caution par un juge de Karachi. En août, le gouvernement de la province du Sindh avait interdit la publication des hebdomadaires islamistes Wajood, Zarb-e-Islam et Friday Special, pour les mêmes motifs. ___________________________________________________________ 23.07.2005 La lutte contre les médias de la haine ne doit pas justifier les violations de la liberté d'expression Reporters sans frontières est préoccupée par certaines dérives intervenues lors d'une large opération des forces de sécurité contre les milieux extrémistes, et notamment des publications de Karachi. L'organisation réitère sa plus grande condamnation des appels à la violence et à la haine raciale colportés dans certaines publications pakistanaises. Pour autant, il est inacceptable que des journalistes soient détenus en vertu de lois rétrogrades et que les descentes de police se multiplient dans les rédactions. « La crédibilité de la politique anti-terroriste du général-président Pervez Musharraf se mesurera à sa capacité à respecter la loi et à ne pas en profiter pour faire taire ses opposants », a affirmé Reporters sans frontières. Le 19 juillet, la police de la province du Sindh (Sud) a perquisitionné les locaux d'au moins quatre publications de Karachi : les hebdomadaires Friday Special, Wujood, Ghazi et le quotidien Ummat. Au moins deux journalistes sont actuellement détenus par la police. Abdul Lateef Abu Shamil, directeur adjoint du Friday Special (complément du quotidien en ourdou Jasarat, proche du parti fondamentaliste Jamaat-e-Islami), a été placé en détention en vertu des articles 153 (A) et 34 du code pénal pakistanais. Le directeur de l'hebdomadaire est recherché par la police. Mohammed Tahir, directeur de Wajood, a également été maintenu en détention jusqu'au 2 août. Deux confrères, Ali Ataf et Zakirullah, sont en fuite. Le 16 juillet, Nasir Ali Jahangir et Saleem Qadri de l'hebdomadaire extrémiste Zarab-e-Islam avaient été arrêtés par la police à Karachi. Ils ont été inculpés d'incitation à la haine religieuse. La police a également arrêté des vendeurs d'un autre hebdomadaire extrémiste Zarb-e-Momin qui a été interdit de diffusion. Ces deux publications sont connues pour soutenir ouvertement les groupes djihadistes. Ces arrestations et descentes de police ont été condamnées par le Conseil des éditeurs de presse du Pakistan (CPNE) et l'Union fédérale des journalistes du Pakistan (PFUJ). « Pourquoi interdire maintenant ces publications alors qu'elles ont été en circulation depuis des années ?», s'interroge la PFUJ. Ces arrestations interviennent dans le cadre d'une vague d'arrestations de militants djihadistes dans tout le Pakistan. Plus de deux cents personnes ont été arrêtées et des dizaines d'écoles religieuses ont été placées sous contrôle. Le général-président Pervez Musharraf a justifié, lors d'un discours à la Nation en date du 21 juillet 2005, ces opérations par la nécessité de lutter contre le terrorisme international. Le chef de l'Etat a confirmé l'interdiction de tout « matériel de haine » incluant cassettes, publications et vidéos.
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Updated on 20.01.2016