Deux journalistes arrêtés puis menacés par une organisation fondamentaliste

Nasrullah Afridi et Aurangzeb Afridi, deux journalistes travaillant dans la zone tribale (nord-ouest du Pakistan), ont été détenus le 18 septembre par l'Organisation pour l'unité des Oulémas (Tenzeem Ittehad-e-Ulema). Ils sont toujours menacés et craignent pour leur sécurité. Reporters sans frontières a demandé au gouverneur de la Province de la frontière du Nord-Ouest, Syed Iftikhar Hussain Shah, de tout mettre en œuvre pour que la sécurité de ces deux journalistes soit assurée. L'organisation recommande l'ouverture d'une enquête sur leur arrestation et leur détention par une milice privée d'une organisation officiellement illégale. "Les journalistes des zones tribales travaillent dans des conditions difficiles du fait de l'absence de lois garantissant la liberté de la presse. Si, en plus, ils doivent se protéger des groupes religieux qui disposent de milices et de prisons privées, c'est tout espoir d'une information indépendante sur cette région stratégique qui disparaît", a écrit Reporters sans frontières dans sa lettre au gouverneur. Nasrullah Afridi et Aurangzeb Afridi, correspondants pour les quotidiens en Ourdou basés à Peshawar Mashriq et le Subah Morning, ont été détenus pendant quelques heures le 18 septembre dans une prison privée tenue par l'Organisation pour l'unité des Oulémas (Tenzeem Ittehad-e-Ulema, fondamentaliste). Respectivement président et vice-président de l'Union des journalistes de la zone tribale (Tribal Union of Journalists) dans la Khyber Agency, les deux journalistes venaient d'envoyer à leur rédaction un article sur l'enlèvement par Tenzeem Ittehad-e-Ulema de deux personnes originaires de Lahore. Nasrullah et Aurangzeb Afridi ont été libérés suite aux pressions de personnes influentes. Ils ont ensuite été convoqués par des responsables de l'organisation fondamentaliste, mais les journalistes ont refusé de s'y rendre. Ils continuent à recevoir des menaces les avertissant qu'ils doivent craindre pour leur vie s'ils "n'oublient pas l'idée d'une presse libre dans la Khyber Agency". Dans un article antérieur, Nasrullah Afridi avait qualifié d'illégale l'Organisation pour l'unité des Oulémas. En effet, elle a été interdite depuis cinq ans. Mais elle dispose dans les zones tribales d'un bras armé de trois mille personnes qui imposent sa loi dans la région. Le 15 septembre, un article du quotidien Ausaf Khadrian accusait le Tenzeem Ittehad-e-Ulema d'être financé par l'argent de la contrebande.
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Updated on 20.01.2016