Deux journalistes érythréens, capturés en Somalie, détenus avec des "combattants étrangers"

Reporters sans frontières demande aux gouvernements somalien et éthiopien des explications sur la détention au secret de deux journalistes de la chaîne publique érythréenne Eri-TV, arrêtés en compagnie de plusieurs citoyens somaliens et étrangers fin 2006 à la frontière avec le Kenya.

Reporters sans frontières demande aux gouvernements somalien et éthiopien des explications sur la détention au secret de deux journalistes de la chaîne publique érythréenne Eri-TV, arrêtés en compagnie de plusieurs citoyens somaliens et étrangers fin 2006 à la frontière avec le Kenya. "Comme de nombreux autres reporters étrangers, ces deux journalistes se trouvaient en Somalie pour couvrir la situation dans le pays. Il ne s'agit pas de combattants étrangers, comme semblent l'être les autres personnes arrêtées à la frontière kenyane. Ce sont des professionnels de l'information, travaillant pour l'un des pays les plus fermés et les plus répressifs du monde. Nous craignons aujourd'hui pour leur sécurité, qu'ils soient maintenus en détention au secret ou renvoyés en Erythrée. Les gouvernements éthiopien et somalien doivent dire pourquoi ils refusent de fournir des explications sur ces deux prisonniers et veiller à gérer avec intelligence cette situation dangereuse pour nos deux confrères", a déclaré l'organisation. Saleh Idris Gama, journaliste de la télévision publique Eri-TV, et Tesfalidet Kidane Tesfazghi, cameraman, avaient disparu fin 2006 à Mogadiscio pendant les combats ayant opposé l'Union des tribunaux islamiques (UTI) et le gouvernement fédéral de transition. Les deux journalistes avaient été envoyés en Somalie pour couvrir la situation dans le pays. Fin février 2007, Reporters sans frontières avait fourni leurs noms au gouvernement somalien, afin de savoir s'ils étaient en détention ou s'ils avaient été identifiés parmi les victimes des combats. Aucune réponse n'avait été donnée à cette requête. Le 5 avril, le ministère érythréen des Affaires étrangères avait demandé, dans un communiqué, aux autorités kenyanes, "d'obtenir aussi rapidement que possible la libération de trois citoyens érythréens et de les rapatrier dans leur pays". Le gouvernement érythréen affirmait que le Kenya avait remis ces personnes aux autorités somaliennes le 20 janvier, après les avoir arrêtées fin décembre et les avoir détenues illégalement pendant plus de trois semaines, sans préciser ce qu'elles faisaient au moment de leur interpellation ni où elles se trouvaient. Le troisième Erythréen, présenté par Asmara comme s'appelant Osman Mohammed Berhan, n'est pas un employé de la station publique Radio Dimtsi Hafash, contrairement à ce que laissaient croire les premières informations reçues par Reporters sans frontières. Dans une lettre qu'il a fait parvenir au site d'opposition Asmarino.com depuis sa prison kenyane, le 18 janvier, celui-ci affirmait qu'il se nommait en réalité Samson Yemane Berhan et qu'il avait été envoyé en Somalie par le gouvernement érythréen sous un faux nom, en compagnie d'autres compatriotes. Le 4 avril, Reporters sans frontières s'était adressée à l'Agence nationale de sécurité somalienne pour obtenir des informations sur les journalistes érythréens, l'informant de leur identité et demandant de pouvoir avoir un contact téléphonique avec eux. La requête de l'organisation a été rejetée. Selon les informations de Reporters sans frontières, les journalistes auraient été transférés, en compagnie d'autres détenus somaliens et étrangers capturés à la frontières kenyane, dans un centre de détention à Addis-Abéba, en Ethiopie.
Publié le
Updated on 20.01.2016