Des blogueurs vietnamiens empêchés de tout contact avec l’étranger

Reporters sans frontières (RSF) dénonce la stratégie d’isolement des journalistes et des blogueurs par les autorités vietnamiennes qui conduisent des représailles systématiques à l’encontre de ceux qui osent entrer en contact avec l’étranger.

Vu Quoc Ngu, responsable du site d’information sur les droits de l’homme “Defend The Defenders”, a été interpellé par les agents de sécurité de l’aéroport international de Noi Bai alors qu’il allait embarquer sur un vol à destination de Bangkok. Lors de son passage au poste de frontière, les agents de sécurité ont invoqué un décret gouvernemental (n°136), et des motifs liés à la “sécurité nationale” pour l’empêcher de quitter le pays.


«Le gouvernement vietnamien cherche par tous les moyens à isoler les journalistes et les blogueurs du pays du reste du monde, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières. Nous exhortons la communauté internationale à ne pas ignorer ces graves entraves aux libertés fondamentales des journalistes et des défenseures des droits de l’homme au Vietnam.”


Ces deux dernières années, Vu Quoc Ngu a été bloqué à de nombreuses reprises par les autorités du pays, notamment en juillet 2015 alors qu’il était invité à suivre une formation sur la cybersécurité organisée par RSF à Bangkok. Vu Quoc Ngu avait également été empêché d’assister à des rencontres avec des diplomates étrangers tels que Tom Malinowski, l’adjoint au secrétaire d’Etat américain lors de la venue du président Barack Obama au Vietnam les 23, 24, 25 mai derniers.


Licencié pour avoir cité un blogueur en exil


Les médias au Vietnam sont fermement contrôlés par le régime communiste. De nombreux blogueurs et journalistes sont visés par cette stratégie d’isolement. C’est le cas de Nguyen Nhu Phong, rédacteur pour le site d’informations PetroTimes, licencié pour avoir publié une interview avec un blogueur dissident en exil, Bui Than Hieu (Wind trader). Le journaliste s’est également vu confisquer sa carte de presse. Le ministère de l’Information et de la Communication a déclaré le 3 octobre 2016 que le journaliste vietnamien s’était vu retirer sa carte de presse « pour avoir commis des méfaits dans des activités de presse ». Le gouvernement a ajouté que le site sera quant à lui suspendu pendant trois mois, sans fournir d’explications sur la “panne d’électricité” qui a eu lieu à la suite de la publication de l’article.


Le Vietnam occupe la 175e place sur 180 pays dans le Classement annuel de la liberté de la presse 2016 établi par Reporters sans frontières. Le Parti communiste vietnamien dirige entièrement le pays, et exerce son contrôle drastique à tous les niveaux des institutions et de la société.


Publié le
Updated on 07.10.2016