Condamnés en août 2006 à sept ans de prison pour avoir collaboré à la réalisation d'un documentaire sur le Turkménistan pour la chaîne France 2, Sapardourdy Khadjiev et Annakourban Amanklytchev avaient pratiquement disparu. Reporters sans frontières a obtenu des renseignements sur le lieu et les conditions de leur détention.
Après être restée des mois sans nouvelles, Reporters sans frontières a obtenu des informations sur la prison où sont détenus, depuis près de deux ans et demi, deux journalistes et militants des droits de l'homme, Sapardourdy Khadjiev et Annakourban Amanklytchev. Ces derniers sont incarcérés dans une zone désertique où les températures atteignent des records, été comme hiver. Leurs relations avec le monde extérieur sont réduites au strict minimum.
"L'organisation est profondément choquée par les conditions de détention de la prison de très haute sécurité de Turkmenbashi, à l'ouest du pays, où Sapardourdy Khadjiev et Annakourban Amanklytchev sont détenus depuis septembre 2006. Les conditions de vie y sont inhumaines. Les prisonniers sont condamnés à survivre dans des situations auxquelles peu de monde pourrait résister. Les journalistes doivent y purger encore plusieurs années. Une nouvelle fois, nous appelons les autorités à faire bénéficier les journalistes et prisonniers politiques d'une amnistie. Le 19 février, à l'occasion de la Journée du drapeau, de nouveaux prisonniers seront libérés. Or, selon nos informations, aucun journaliste ne se trouve parmi eux", a déclaré l'organisation de défense de la liberté de la presse.
La prison de Turkmenbashi est très difficile d'accès. Située près de la mer Caspienne, elle a été construite en pleine zone désertique. Dans les geôles, les détenus sont contraints de survivre dans la promiscuité et l'insalubrité, sans accès à de l'eau potable. Les denrées alimentaires sont maigres et de très mauvaise qualité. La température peut atteindre 40° en été et descendre jusqu'à - 50° en hiver. Les détenus sont contraints d'effectuer des travaux agricoles dans ces conditions climatiques insupportables. Une liste, très limitée, des produits que les proches sont autorisés à transmettre aux détenus, a été établie. Les journaux, notamment étrangers, sont interdits.
Sapardourdy Khadjiev et Annakourban Amanklytchev ont été condamnés en août 2006 à purger des peines de 7 et 6 ans de prison. Les deux journalistes ont été inculpés pour "possession de munitions illégales" en vertu de l'article 287 du code pénal turkmène. Sur le banc des accusés, se trouvait aussi la journaliste Ogoulsapar Mouradova, décédée après avoir reçu des coups d'une très grande brutalité de la part des gardiens de la prison de haute sécurité d'Ovodan Depe (nord de la capitale, Ashgabat). Les trois journalistes collaboraient avec la société audiovisuelle française Galaxie-Presse qui préparait un carnet de route sur le Turkménistan pour “Envoyé Spécial”, le magazine de la chaîne française France 2.
Le 3 février 2009, Reporters sans frontières avait publié, avec sept autres organisations non gouvernementales, une lettre ouverte au président Gourbangouly Berdymoukhamedov pour lui demander de libérer les journalistes emprisonnés à l'occasion de l'amnistie qui sera prononcée le 19 février prochain.
Depuis leur incarcération, les demandes de libération provisoire de Sapardourdy Khadjiev et Annakourban Amanklytchev ont été systématiquement refusées. Les journalistes figurent sur la liste des prisonniers politiques. Les famille et les proches des deux journalistes n'ont que très peu de nouvelles d'eux.
Le Turkménistan est l'un des pays les plus fermés au monde. Il occupe le 171e rang du classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2008. Son président est considéré comme un des prédateurs de la presse par l'organisation.