Crimée : des journalistes arbitrairement inclus dans une liste officielle russe de “terroristes et extrémistes”

Reporters sans frontières (RSF) exprime sa vive inquiétude suite à la publication, par une agence officielle russe, d’une “liste de terroristes et d’extrémistes” parmi lesquels se trouvent au moins deux journalistes de Crimée.

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Le Service fédéral russe de contrôle financier (Rosfinmonitoring), chargé de lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, a publié le 12 juillet 2016 sur son site une liste de 6.000 supposés “terroristes et extrémistes”. Parmi eux figurent le journaliste indépendant Nikolaï Semena et Anna Andrievskaïa, du Centre pour le journalisme d’investigation. S’ils font l’objet de poursuites judiciaires pour leur collaboration supposée avec des médias hostiles à l’annexion russe de la Crimée, ces journalistes n’ont été ni jugés ni condamnés.


“Il est inadmissible que quiconque soit publiquement désigné comme ‘terroriste’ ou ‘extrémiste’ par un organe d’Etat sans aucune décision de justice, déclare Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF. Cette publication jette l’opprobre sur ces deux journalistes et compromet gravement leur sécurité, surtout dans le contexte polarisé et inflammable de la Crimée. L’effet d’intimidation est dévastateur: n’importe quel reporter pourrait tout aussi bien y figurer. RSF demande le retrait de cette liste du site du Rosfinmonitoring.”


La Russie figure à la 148e place sur 180 dans le Classement mondial 2016 de la liberté de la presse, publié par RSF. La législation anti-extrémiste y est fréquemment utilisée hors de propos et de façon disproportionnée pour faire taire les voix critiques.

Publié le
Updated on 27.02.2017