Couvre-feu rime avec censure au Cachemire

L'application très stricte du couvre-feu en place dans plusieurs villes du Cachemire indien, depuis le 12 septembre 2010, a un effet dramatique pour la libre circulation de l'information et le travail des journalistes. De fait, plusieurs publications locales et chaînes de télévision régionales ont dû cesser ou réduire leurs activités ; leurs journalistes étant bloqués chez eux. Par ailleurs, plusieurs reporters ont été frappés par des agents des forces de l'ordre, en marge des manifestations qui ont déjà fait 94 morts. Le maintien de l'ordre ne doit pas conduire à entraver le travail de la presse. Le gouvernement de l'Etat du Jammu et Cachemire et les forces de l'ordre chargées d'appliquer le couvre-feu font peu de cas des professionnels de la presse. A moins que la politique répressive des autorités ne cache l'intention non avouée d'empêcher les médias du Cachemire d'informer sur les manifestations. Même si elles ont accordé de nombreux laissez-passer aux journalistes de Srinagar, les policiers et paramilitaires déployés dans la ville empêchent les journalistes de circuler et de se rendre notamment sur leur lieu de travail. Les principaux programmes d'informations des chaînes de télévision régionales sont suspendus, depuis plusieurs jours. Sen TV, Take 1, Mouj Kashmir ont notamment été affectés. Les autorités ont également fait pression sur certains responsables de ces chaînes pour suspendre leurs émissions qui traitaient des manifestations actuelles. Selon plusieurs sources, les autorités font pression sur les opérateurs de câble pour empêcher la diffusion de télévisions locales et des chaînes pakistanaises. Press TV, chaîne iranienne en anglais, a été interdite pour avoir diffusé des images controversées de la supposée profanation de Corans. En raison du couvre-feu, les quotidiens régionaux Greater Kashmir et Rising Kashmir ne sont plus imprimés dans la capitale de l'Etat. Preuve de cette pénurie d'informations, la revue de presse matinale de Radio Kashmir a été annulée par faute de journaux. Sur le site Internet du Greater Kashmir, il est indiqué que la version papier publiée à Srinagar n'est plus disponible depuis le 14 septembre. Le journal en offre cependant une version complète à ses lecteurs sur le Web. Le 15 septembre, Sanam Ajaz, assistant du directeur local de JK Networks, a été frappé par des policiers alors qu'il tentait de se rendre à son bureau et alors qu'il disposait d'un laissez-passer. Dans un récent communiqué, la Kashmir Press Association a dénoncé la politique de discrimination adoptée par le gouvernement qui facilite le travail des journalistes de New Delhi tout en imposant de fortes restrictions à ceux basés au Cachemire.
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Updated on 20.01.2016