Cinq journalistes agressés en quarante-huit heures

"Malgré les déclarations des plus hautes autorités, les violences politiques, notamment à l'encontre des journalistes, continuent au Bangladesh. Encore une fois, le Bangladesh confirme son statut de pays le plus violent à l'encontre des journalistes", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation. Ainsi, dans une lettre adressée au ministre de l'Intérieur, Altaf Hossain Chowdhury, Reporters sans frontières et le Centre pour le développement, le journalisme et la communication du Bangladesh (BCDJC) ont vivement protesté après l'agression de cinq journalistes par des partisans du parti au pouvoir et des forces de l'ordre. "Nous exigeons que les membres du parti au pouvoir coupables d'agressions soient sanctionnés. Le climat d'impunité qui règne au Bangladesh est la principale menace pour la liberté de la presse", ont déclaré Robert Ménard et Nayyemul Islam Khan. Selon des informations recueillies par Reporters sans frontières, Syed Mobin Bin Asad Zillu, photographe du quotidien Prothom Alo et du journal local Dainik Chandnibazar de Bogra (nord du pays), a échappé, le 29 mai 2002, à une tentative d'enlèvement orchestrée par Zahirul Islam Bedha, homme d'affaires et vice-président de la section locale du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP, au pouvoir). Alors que le photographe sortait du commissariat du centre ville, deux hommes armés ont tenté de le faire monter sur une motocyclette. M. Zillu s'est débattu et a réussi à alerter des passants qui ont maîtrisé l'un des assaillants, M. Bedha. Amené au commissariat, le responsable du BNP a frappé et menacé de mort le photographe du Prothom Alo. Après l'avoir menotté, les policiers ont découvert un pistolet sur le politicien. Ce dernier a été placé en garde à vue suite à une plainte de M. Zillu. Le même jour, des policiers en charge de la circulation à Dhaka ont frappé trois journalistes spécialisés dans les affaires criminelles. A. Q. M. Shakawat Hossain du Dainik Banglabazar Patrika, Halim Mohammad de l'Ajker Kagoj et Mumtaz Uddin du Dainik Matribhumi ont été pris à partie par des policiers alors qu'ils se rendaient sur les lieux d'un crime. Les journalistes ont en effet surpris les policiers en train de recevoir un bakshish d'un conducteur. Les trois journalistes blessés ont été admis dans une clinique de la ville alors même que les responsables de l'Association des journalistes spécialistes des affaires criminelles de Dhaka manifestaient devant le commissariat de Khilgaon. Les supérieurs hiérarchiques des fonctionnaires incriminés ont annoncé très rapidement que ces derniers seraient sanctionnés. Enfin, le 28 mai, cinq délinquants ont violemment attaqué Nazmul Imam, correspondant du Dainik Manabzamin à Kushtia (sud-est du pays), à coup de bâtons et de couteaux. Alors qu'il circulait dans la ville en rickshaw, les agresseurs ont bloqué le véhicule et dérobé le téléphone portable du journaliste. L'un des assaillants a crié : "Attrape le journaliste !" Les inconnus se sont alors déchaînes contre le journaliste et lui ont notamment coupé le pouce droite. Le médecin a ensuite relevé onze coups de couteaux et les journalistes locaux ont qualifié l'agression de "tentative d'assassinat". La police a arrêté trois suspects, mais n'a pas pu confirmer leur implication dans cet homicide ni que cette agression soit liée aux articles de Nazmul Imam. Par ailleurs, les journalistes de Kushtia se sont mobilisés pour demander l'arrestation des coupables.
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Updated on 20.01.2016