Chine: prison ferme pour deux journalistes financiers
Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités chinoises à libérer deux journalistes financiers condamnés le mois dernier à des peines de prison ferme pour le simple fait d’avoir révélé l’existence d’une enquête visant le président du groupe industriel laitier Yili.
Le 24 octobre, un tribunal de la province autonome chinoise de Mongolie intérieure a condamné les journalistes financiers Zou Guangxiang et Liu Chengkun à des peines respectives de un an et de huit mois de prison ferme sous l’accusation “d’attiser des querelles et fomenter des troubles”. Cette condamnation intervient après que les journalistes ont révélé l’existence d’une enquête visant Pan Gang, le président du groupe industriel laitier Yili, issu de la région.
Zou avait été arrêté à Pékin en mars, deux jours après avoir dévoilé sur internet l’existence de l’enquête, une information devenue virale qui avait provoqué une chute de 3,5% du cours de l'action de la société. Liu avait pour sa part repris sur son blog certains éléments de l’histoire sous la forme d’une fiction, sans doute pour se protéger, ce qui n’a pas empêché son arrestation quelques jours après.
« Ces deux journalistes n’ont fait que leur travail en portant une information importante à la connaissance du public et il est scandaleux qu’ils le paient de leur liberté, s’indigne Cédric Alviani, directeur du bureau RSF Asie de l’est, qui condamne « la politique de terreur mise en place par les autorités chinoises pour remplacer le journalisme indépendant par un nouvel ordre médiatique basé sur la censure et la propagande. »
La Chine est une des plus grandes prisons du monde avec plus de 60 journalistes professionnels et non-professionnels derrière les barreaux. Dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2018 publié par RSF, le pays stagne au 176e rang sur 180.