Chine: deux journalistes sud-coréens tabassés durant la visite du président Moon

Deux photojournalistes de la délégation sud-coréenne ont été violemment frappés par des agents en civil alors qu’ils couvraient la visite officielle du président Moon à Pékin. L’incident témoigne de la dégradation de la situation des journalistes étrangers en Chine.

La visite d’État en Chine du président de la République de Corée du Sud Moon Jae-in, qui a débuté mercredi, devait contribuer à alléger les tensions géopolitiques entre les deux pays. C’était compter sans le zèle du service d’ordre, qui dès le deuxième jour a séparé les journalistes sud-coréens du reste de la délégation et a violemment frappé deux photojournalistes des quotidiens Hankookilbo et Maeil business, qui s’en plaignaient. Les deux journalistes ont été hospitalisés, le visage en sang, le second ayant une blessure grave à l'œil droit.


L’incident, qui s’est déroulé en public et dont les images ont été retransmises par la chaîne publique sud-coréenne KBS, a causé un véritable tollé. Les autorités de Corée du Sud ont exigé des excuses officielles, soutenue dans leur protestation par de nombreuses organisations dont Reporters sans frontières (RSF), la Fédération internationale des journalistes (IFJ), le Club des correspondants de presse étrangers en Chine (FCCC), l'Association coréenne des photographes de presse (KPPA) et l’Association des journalistes de Corée (JAK).


Un climat d’hostilité encouragé par les autorités


RSF pointe du doigt la responsabilité du régime de Pékin dans cet incident: “Les journalistes sont des membres à part entière d’une délégation étrangère et les autorités chinoises avaient l’obligation d’assurer leur sécurité comme ils le font pour les autres visiteurs, estime Cédric Alviani, directeur du bureau Asie de l’Est de RSF. Mais la propagande d’État présente ouvertement les journalistes étrangers comme des ennemis: dans un tel contexte, il n’est pas surprenant que les agents aient pu éprouver un sentiment d’hostilité, voire d’impunité, à leur égard.”


Le harcèlement des journalistes étrangers en Chine n’est pas une nouveauté. Avec la mise au pas des médias nationaux, des blogueurs et le renforcement de la “grande muraille numérique”, ils sont en effet un des derniers bastions de l’information libre. Ironiquement, cet incident intervient juste une semaine après le “Forum des droits humains sud-sud” durant lequel le régime du président Xi Jinping s’est fait le chantre d’un modèle “alternatif” de droits de l’Homme qui exclut la liberté d’information et les principes universels.


Sans surprise, la Chine occupe toujours le bas du classement RSF de la liberté de la presse, au 176e rang sur 180 pays mesurés.

Publié le
Updated on 17.12.2017