Chine

Nom de domaine : .cn
Population : 1 313 000 000
Internautes : 137 000 000
Prix moyen d'une heure de connexion dans un cybercafé : environ 1,50 euro
Salaire mensuel moyen : environ 170 euros (Banque populaire de Chine)
Nombre de fournisseurs d'accès privés : donnée non disponible
Nombre de fournisseurs d'accès publics : donnée non disponible
Nombre de cyberdissidents emprisonnés : 48 La Chine est en passe de devenir le plus grand marché de l'Internet au monde devant les Etats-Unis. De source officielle, elle compte près de 200 000 nouveaux internautes par jour. Le Parti communiste contrôle systématiquement la Toile et n'hésite pas à emprisonner les blogueurs. Le pays est déjà la plus grande prison de cyberdissidents. Le développement rapide du marché chinois de l'Internet attire les grandes entreprises étrangères du secteur, comme Yahoo! et Windows Live, qui se sont pliées aux lois locales depuis 2005, quitte à s'autocensurer. Mais les entreprises nationales ne sont pas en reste. Le moteur de recherche chinois ultra-censuré, Baidu, est le plus utilisé par les Chinois et le deuxième au monde, après Google. La Chine recense quelque 72,2 millions de blogs et 300 000 pages Web sont créées chaque mois dans la seule ville de Pékin. Le Parti ne veut pas perdre le contrôle de l'information et le budget consacré au contrôle de la Toile aurait déjà atteint plusieurs milliards d'euros. Depuis le 31 janvier 2008, de nouvelles lois sont entrées en vigueur concernant la diffusion de fichiers audio et vidéo en ligne, qui interdisent aux sites officiels de diffuser des programmes amateurs. Les plateformes de partage de vidéos en ligne les plus consultées par les Chinois sont Tudou ou 56.com, qui répondent aux exigences du Parti. Toute mise en ligne de vidéo personnelle incriminant la politique du gouvernement est interdite. Censure et autocensure : le contrôle de la Toile "made in China" Depuis le mois de septembre 2007, les internautes des cybercafés se familiarisent avec les nouveaux visages de la surveillance : JingJing et Chacha, deux policiers virtuels, qui font leur apparition sur les écrans des ordinateurs toutes les trente minutes pour rappeler les règles à suivre. En janvier 2008, un homme a même été tué par des policiers car il filmait, avec son téléphone portable, une altercation entre des manifestants et des agents dans la ville de Tianmen (province du Hubei). Il a été battu à mort. Pour censurer le Net, la Chine a acquis des technologies et du matériel de pointe auprès d'entreprises américaines. Il existe un système permettant de lire les informations transmises sur le Réseau et de repérer des mots clés « subversifs ». La police a donc les moyens de savoir qui consulte des sites prohibés ou envoie des courriers électroniques « dangereux ». Mais devant la rapidité de l'expansion du secteur d'Internet, le Parti n'arrive pas à tout contrôler et encourage l'autocensure. Le Bureau de l'information du Conseil d'Etat et le Département de la publicité (ancien Département de la propagande), sont les principaux organes de censure du Web. Ils envoient sans relâche des consignes aux sites Internet. Un exemple parmi d'autres : "Le journal Minzhu yu Fazhi Shibao (Democracy and Legal Times) utilise des sources d'informations non règlementaires, nous vous prions donc de ne pas utiliser d'articles provenant de ce journal. Les sites qui en auraient reproduits sont priés de les effacer immédiatement. Veuillez répondre à ce message." Cette consigne a été envoyée aux sites le 8 mai 2006 par Fan Tao, directeur adjoint du Bureau de gestion de l'information sur Internet de Pékin. Il arrive malgré tout que des sites abordent des sujets tabous. Dans ce cas, les autorités peuvent appliquer différentes sanctions : critiquer le contenu du site dans les médias officiels, le condamner à une amende, ordonner le licenciement des responsables du site, voire contraindre la rubrique ou le site à fermer. Le gouvernement filtre les informations au travers de "mots clés". Ces mots "interdits" peuvent parfois être remplacés par des astérisques, et contrôlés par des modérateurs avant d'être affichés ou non sur le Réseau. Par exemple, tous les mots associés au mouvement pour la liberté et la démocratie, réprimé dans le sang par les autorités, sur la place Tiananmen, en 1989, ont été prohibés sur le Réseau : « 1989.6.4 », « vague estudiantine de 89 », « mouvement étudiant de 89 », « troubles », « émeutes », « massacre », « révolte », etc. Les internautes tentent d'utiliser des signes tels que « », « / », « \ », entre les lettres des mots pour éviter la censure, mais les sites ont installé de nouveaux filtres qui détectent ces codes. Les sites répertorient même les homonymes et synonymes. Aujourd'hui, il y aurait environ 400 à 500 mots clés interdits relatifs aux événements du 4 juin 1989. Quelques heures seulement après la diffusion, en octobre 2007, du rapport de Reporters sans frontières, intitulé "Voyage au cœur de la censure d'Internet", Yang Le, directeur du Bureau des affaires de presse de Pékin, en charge du contrôle d'Internet, a diffusé aux sites et fournisseurs d'accès un ordre leur demandant d'actualiser la liste de mots clés interdits en ajoutant une trentaine de termes censurés, principalement liés à Internet, et régulièrement utilisés dans le rapport de l'organisation. Le nom de l'auteur du document, Monsieur Tao, un technicien d'un site Internet de Pékin, a été ajouté à cette liste, ainsi que "Reporters sans frontières" et "Chinese Human Rights Defenders", dont les sites sont inaccessibles en Chine. Les internautes et blogueurs tentent parfois de contester cette censure, y compris en portant plainte contre des hébergeurs. Ce fut le cas de He Weifang, Pu Zhiqiang, Xiao Han et Xu Zhiyong lorsque leurs blogs ont été bloqués par Sina, la plus grande plateforme chinoise de blogs. La Constitution protège en théorie les libertés fondamentales face aux nombreuses réglementations qui imposent des limites aux médias en ligne et aux sites des organisations non gouvernementales. La procédure judiciaire est toujours en cours. En 2007, certaines plateformes de blogs (Msn.cn, Renmin Wang, Xinlang, Sohu, Wangyi, Tom, Qianlong Wang, Hexun Wang, Boke Tianxia, Tianji Wang, Yahoo.cn, Huasheng Zaixian, Bolianshe, Tengxun) ont signé une charte qui met fin à l'anonymat des blogueurs. Élaborée par la Société Internet de Chine (SIC), affiliée au ministère chinois de l'Industrie de l'information, elle contraint les entreprises à censurer le contenu des blogs et à identifier les blogueurs. Cette charte, signée à Pékin, prévoit notamment que "les fournisseurs de blogs surveillent les commentaires (...) et suppriment rapidement les informations illégales et mauvaises". 48 cyberdissidents emprisonnés pour « subversion » ou « divulgation de secrets d'Etat » La Chine compte près de 47 millions de blogueurs et 48 cyberdissidents sont derrière les barreaux après avoir été notamment accusés d'"incitation à la subversion de l'Etat". En décembre 2007, les médias gouvernementaux ont annoncé que les autorités avaient arrêté 868 personnes accusées de publier du contenu "malsain" sur Internet. Le 27 décembre, l'activiste Hu Jia a été arrêté pour "subversion du pouvoir de l'Etat". Depuis 2006, il vivait en résidence surveillée avec sa famille en raison de ses activités de défenseur des droits de l'homme en Chine. Au moins quatre cyberdissidents doivent d'être emprisonnés à la collaboration de l'entreprise américaine Yahoo! avec le gouvernement chinois. Condamné, en 2003, à 10 ans de prison pour "incitation au renversement du gouvernement", le cyberdissident Wan Xiaoning a porté plainte contre l'entreprise, l'accusant d'avoir fourni ses coordonnées aux autorités chinoises. Shi Tao, journaliste de 37 ans du Dangdai Shang Bao (Les Nouvelles du commerce contemporain), a été condamné à dix ans de prison en 2005 pour "divulgation illégale de secrets d'Etat à l'étranger", sur la base de renseignements fournis par l'entreprise américaine au gouvernement. Il a été reconnu coupable d'avoir diffusé, sur des sites basés à l'étranger, une note interne transmise à sa rédaction par les autorités qui mettait en garde les journalistes contre les dangers d'une déstabilisation sociale et les risques liés au retour de certains dissidents à l'occasion du quinzième anniversaire du massacre de la place Tiananmen. Le blogueur Li Zhi a été condamné à huit ans de prison en 2003, accusé d'avoir été en contact par le biais d'Internet avec Xie Wanjun, dirigeant du "Parti démocratique de Chine" interdit. Yahoo! aurait également fourni ses coordonnées personnelles. L'entreprise aurait enfin aidé le régime à identifier Jiang Lijun, condamné à quatre ans de prison, en novembre 2003, pour des articles en faveur de la démocratie, publiés sur Internet. Certains de ces cyberdissidents appartiennent à l'organisation d'écrivains PEN, qui permet à des auteurs de publier leurs textes en ligne à défaut de pouvoir les faire éditer. Zhang Jianhong (Li Hong) et Chen Shuqing sont accusés d'"incitation à la subversion du pouvoir de l'Etat". Ils ont été arrêtés à l'automne 2006, tout comme l'avocat Yang Maodong, plus connu sous le nom de plume "Guo Feixiong", et condamnés à des peines de quatre à six ans de prison. Xu Wanping, écrivain, a été condamné à douze ans de prison en 2005 pour "incitation à la subversion du pouvoir de l'Etat". Zheng Yichun, poète, enseignant et journaliste, et Lü Gensong, écrivain, ont été condamnés pour le même chef d'accusation à respectivement sept et quatre ans de prison. La répression vise également les membres du mouvement spirituel Falun Gong, considéré comme une « secte diabolique » par les autorités. En 2004, les internautes Yin Yan, Li Jian et Yan Qiuyan, le cadre d'une entreprise informatique, Lu Zengqi, ainsi que son employeur, Chen Shumin, ont été condamnés à des peines allant de cinq à quatorze ans de prison. Il sont accusés d'avoir aidé à la publication, sur un site Web, d'informations concernant les mauvais traitements infligés en prison à une étudiante membre du mouvement. Zhang Haitao, créateur du seul site du Falun Gong basé en Chine est également en prison. Les étudiants de l'université Tsinghua (dans la banlieue de Pékin), Lin Yang, Ma Yan, Li Chunyang, Jiang Yuxia, Li Yanfang et Huang Kui, sont également emprisonnés. Ils sont accusés d'avoir diffusé sur Internet des documents sur le mouvement. En août 2007, le cyberdissident et blogueur He Weihua a été interné de force dans un hôpital psychiatrique du Hunan (Sud). Selon ses proches, cette décision serait liée à ses articles publiés sur son blog www.boxun.com/hero/hewh/. Liens : http://cmp.hku.hk/ : site du centre d'études sur le journalisme et les médias de l'Université de Hong Kong (anglais)
http://boxun.us/news/publish/ (Boxun) : site d'informations sur l'actualité en Chine (anglais et mandarin)
http://crd-net.org : site de l'organisation Chinese Human Rights Defenders (anglais et mandarin)
http://www.hrichina.org/ : site de l'organisation Human Rights in China (anglais)
http://www.xinhuanet.com : agence de presse officielle Xinhua (anglais, mandarin)
http://sirc.blogspot.com blog sur l'Internet en Asie (anglais)
http://blog.sina.com.cn/xujinglei : blog de la star chinoise Xu Jinglei, le plus populaire du pays (mandarin) La liste complète des cyberdissidents chinois emprisonnés est disponible sur le site de Reporters sans frontières à l'adresse suivante : http://www.rsf.org/rubrique.php3?id_rubrique=79.
Publié le
Updated on 20.01.2016