Brésil: le président Bolsonaro souhaite ‘armer’ les journalistes

Un décret signé par le président du Brésil Jair Bolsonaro ce mardi 7 mai 2019 autorise désormais certains journalistes à utiliser des armes à feu pour garantir leur propre sécurité. Reporters sans frontières (RSF) dénonce une décision absurde et dangereuse.

Sans donner plus de détails, le texte, publié au Journal Officiel le 8 mai 2019,  prévoit que les ‘journalistes professionnels couvrant la thématique policière’ pourront porter des armes à feu dans l’espace public. De nombreuses autres professions et catégories sont également concernées par le décret, comme les avocats, les agents de circulation ou encore les ‘résidents de zones rurales’.


Cette décision surprise, qui n’a fait l’objet d’aucune consultation avec les organisations représentatives de la presse brésilienne, fait suite à un premier décret présidentiel signé le 15 janvier 2019, soit quelques jours après l’investiture de Jair Bolsonaro, assouplissant les règles permettant aux citoyens brésiliens de se procurer des armes- sans pour autant pouvoir les porter dans l’espace public-, l’une de ses promesses phare de campagne.


Cette décision crée un dangereux précédent et ne résoudra en rien les problèmes d’insécurité auxquels sont confrontés de nombreux journalistes brésiliens”, déclare Emmanuel Colombié, directeur du bureau amérique latine de RSF. “C’est avec leur plume, et non avec une arme, que les journalistes peuvent accomplir leur unique et lourde responsabilité: faire un travail d’information”


L’année 2018 a été marquée par quatre assassinats de journalistes au Brésil et une vulnérabilité toujours plus grande des reporters indépendants qui couvrent les thèmes liés à la corruption, aux politiques publiques ou au crime organisé dans les petites et moyennes villes du pays. Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement de Jair Bolsonaro n’a de cesse d’alimenter un climat de confrontation et de défiance envers la presse. RSF demande à ce que les efforts des autorités se portent sur la prévention des risques liés à la couverture de sujets sensibles et sur renforcement des dispositifs publics de protection des journalistes.


En 2016, le Brésil était le pays au monde comptant le plus grand nombre de morts par armes à feu, devant les Etats-Unis, l’Inde ou encore le Mexique, selon l’Institut Health Data.


Le Brésil a perdu trois places au Classement mondial de la liberté de la presse 2019 dévoilé le 18 avril par Reporters sans frontières, et se situe désormais à la 105ème position.

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Mise à jour le 09.05.2019