Brésil: le mécanisme de protection des défenseurs des droits de l’Homme désormais accessible aux journalistes
Reporters sans frontières (RSF) a rencontré ce 10 septembre les membres du mécanisme de protection des droits de l’Homme brésilien, désormais accessible aux journalistes en danger. RSF salue cette initiative des autorités brésiliennes visant à renforcer durablement la protection de la profession dans le pays.
Ce 10 septembre 2018, en présence d’autres organisations de défense de la liberté de la presse, RSF a rencontré à Brasilia les membres du mécanisme de protection des défenseurs des droits de l’Homme, créé en 2004 et rattaché au ministère des Droits de l’Homme (MDH). Depuis le 4 septembre, ce mécanisme est accessible aux ‘comunicadores’, un terme large qui englobe les journalistes professionnels, indépendants et les blogueurs. Le climat d’insécurité et de violence dans lequel évoluent de nombreux journalistes brésiliens justifiait d’une telle décision.
L’élargissement des compétences du mécanisme était l’une des principales recommandations de RSF à l’État brésilien. Il est le fruit d’un rapprochement entre le MDH et les organisations de défense de la liberté de la presse au Brésil, réunies au sein de la ‘Commission permanente pour le droit à la communication et à la liberté d’expression du Conseil national des droits de l’Homme’ (CNDH).
Lors de la réunion, RSF a pu partager son expertise et contribué à l’élaboration d’un diagnostic sur les types de menaces, le profil des victimes, et apporté son soutien aux équipes du MDH, dont le premier objectif, d’ici la fin de l’année 2018, est de communiquer largement sur ce nouveau dispositif. Les modalités de mise en place de cette mesure ainsi que les critères permettant de bénéficier effectivement de cette protection restent encore à affiner.
“ Cet élargissement du mécanisme est un premier pas très encourageant, il témoigne de la volonté de l’État brésilien de renforcer de manière effective et durable la protection des journalistes dans le pays, déclare Emmanuel Colombié directeur du bureau Amérique latine de l’organisation. Il était indispensable que les innombrables journalistes en situation de vulnérabilité puissent se tourner vers les autorités pour obtenir protection. RSF va collaborer avec le MDH pour faire connaître le plus largement possible ce nouveau dispositif au sein de la profession.”
Désormais les journalistes ayant "une activité régulière de communication sociale", rémunérée ou non, dont l’objectif est de promouvoir et défendre les droits de l’Homme et "dont le travail génère des menaces et des violences visant à mettre fin à ces activités", pourront bénéficier de mesures de protection personnalisées, selon le décret publié au journal officiel le 04 septembre.
Au moins 29 journalistes ont été assassinés au Brésil depuis 2010, dont trois depuis le début de l’année 2018. Hors des grands centres urbains, les journalistes- et notamment les animateurs radio- qui traitent de sujets liés à la politique locale et la corruption sont systématiquement menacés et victimes de représailles.
Le Brésil est 102e au Classement mondial de la liberté de la presse 2018 publié par RSF.