Black-out sur les incidents de Dong-zhou

Les autorités chinoises ont organisé un black-out de l'information suite à la répression des manifestations de Dong-zhou, un village de la province de Canton. Reporters sans frontières a pu constater la mise en place de mesures draconiennes pour contrôler les informations publiées par les médias locaux et étrangers, ainsi que la censure de tous les messages traitant de ces incidents publiés sur Internet.

Les autorités chinoises ont organisé un black-out de l'information suite à la répression des manifestations de Dong-zhou, un village de la province de Canton (Sud-est). Reporters sans frontières a pu constater la mise en place de mesures draconiennes pour contrôler les informations publiées par les médias locaux et étrangers, ainsi que la censure de tous les messages traitant de ces incidents publiés sur Internet. "Les autorités ont entièrement manipulé les informations parues sur ces événements. C'est une démonstration éclatante de la capacité de la Chine à censurer aussi bien les médias traditionnels qu'Internet. Nous savons, par expérience, que lorsqu'un gouvernement décide de tenir les médias à l'écart d'un événement, c'est souvent pour cacher ses exactions", a déclaré l'organisation. Selon des sources locales, les journalistes étrangers et locaux ne sont pas autorisés à accéder au village de Dong-zhou, où se sont déroulées, le 6 décembre, des manifestations violement réprimées par la police. Un périmètre de sécurité d'une dizaine de kilomètres a été mis en place immédiatement après les incidents, ainsi que des check points sur tous les axes routiers menant au village. Les rares informations non censurées parvenues à l'étranger ont été obtenues en téléphonant directement à des habitants de Dong-zhou. Les médias locaux ont par ailleurs reçu l'ordre de reproduire uniquement les informations publiées par l'agence de presse officielle Xinhua, en particulier concernant le nombre de personnes tuées lors de l'intervention de la police : trois selon les sources officielles, plus d'une vingtaine selon les villageois interrogés par la presse internationale. Les forums de discussion chinois ont reçu l'ordre de censurer tous les messages traitant des événements. D'après des tests réalisés par Reporters sans frontières, la phrase (en chinois) "il y a eu des morts à Dong Zhou" est refusée automatiquement par les principaux forums, notamment celui de Xinhua (http://forum.xinhuanet.com/) et de Sohu (http://news.sohu.com/comment.shtml). Certains internautes cherchent à contourner cette censure et postent des messages dans lesquels ils font allusion à la répression contre les villageois de Dong-zhou. L'un des message consulté par Reporters sans frontières dénonçait par exemple les massacres japonais de Nankin, en 1937, tout en faisant des références implicites au contexte politique actuel, expliquant qu'il était inacceptable "de tirer sur des compatriotes". Sur un autre forum, un internaute indiquait simplement : "on ne peut mentionner ni le lieu, ni la date, ni les responsables. Mais nous savons." Reporters sans frontières a par ailleurs effectué une recherche sur le terme "Dong-zou" dans la version chinoise du moteur de recherche Yahoo ! (www.yahoo.com.cn). Cette recherche n'a donné aucun résultat, alors qu'elle propose 150 000 réponses lorsqu'elle est saisie dans la version chinoise de Google (www.google.com/intl/zh-CN). Les troubles avaient éclaté le 6 décembre. Les villageois manifestaient contre des mesures d'expropriation décidées par les autorités locales. De source officielle, plus de 74 000 révoltes et "incidents impliquant des masses" ont été répertoriés en Chine l'année dernière.
Publié le
Updated on 20.01.2016