Avant d'être remplacé, le chef de la censure, Long Xinmin, avait reçu la Légion d'honneur

A la tête de l'organe de censure d'Etat depuis 2005, Long Xinmin avait renforcé la censure de la presse, de l'édition et d'Internet. Reporters sans frontières estime qu'il ne méritait pas les honneurs de la République française.

Reporters sans frontières ne peut que se féliciter du remplacement le 24 avril de Long Xinmin à la tête de l'Administration générale de la presse et de la publication (GAPP), tant son passage aura été marqué par un renforcement de la censure de la presse, de l'édition et d'Internet. "Nous sommes en revanche attristés d'apprendre que Long Xinmin quittera ce poste stratégique, décoré d'une Légion d'honneur de la République française qu'il ne mérite en aucun cas. Un censeur au service d'un Etat autoritaire ne devrait pas être récompensé d'un titre distinguant les valeurs de la République française", a affirmé l'organisation qui va saisir le ministre Philippe Douste-Blazy sur ce sujet. "Après le scandale de l'attribution de la Grand-Croix de la Légion d'honneur à Vladimir Poutine, il nous semble important que le gouvernement français cesse d'attribuer cette décoration à des chefs d'Etat autoritaires ou des hauts fonctionnaires prédateurs des libertés." Le 3 avril 2007, Hervé Ladsous, ambassadeur de France en Chine populaire, a remis la Légion d'honneur à Long Xinmin lors d'une cérémonie à Pékin. Dans son discours, le diplomate a salué l'attachement de l'officiel chinois à la communication et à la presse. S'il a rappelé à son hôte l'importance de la liberté de la presse, l'ambassadeur n'a pas fait mention du triste bilan de Long Xinmin en matière de censure. Le 24 avril, le gouvernement chinois a annoncé que Long Xinmin était remplacé par Liu Binjie à la tête du GAPP. Long Xinmin est relégué au poste de vice-directeur du Centre de recherche sur l'histoire du Parti. Arrivé à la tête du GAPP en 2005, Long Xinmin n'aura cessé de renforcer le contrôle de l'Etat sur les médias et le monde de l'édition. Récemment, il a fait interdire huit livres d'écrivains connus en Chine populaire. Deux d'entre eux sont allés devant les tribunaux pour contester cette censure. Parmi les oeuvres censurées figurent "Past stories of Peking Opera Stars" de Zhang Yihe, les mémoires du journaliste du People's Daily Yuan Ying, "The press" de Zhu Huaxiang qui parle du monde des médias chinois, ainsi que "This is how it goes at sars.com" de Hu Fayun. Ces titres font partie d'une liste de livres qui ont, selon les autorités, "dépassé les limites en 2006". Les autres ouvrages traitent notamment du "Grand bond en avant" maoïste, ou d'un candidat indépendant aux élections locales.
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Updated on 20.01.2016