Reporters sans frontières estime un peu hâtives les déclarations des enquêteurs chargés de faire la lumière sur la mort du journaliste Javier Darío Arroyave, retrouvé assassiné à son domicile, le 5 septembre 2007, à Cartago (Sud-Ouest). Selon la police, le crime ne serait pas lié aux activités professionnelles de la victime.
Reporters sans frontières est bouleversée par l'assassinat à coups de couteau de Javier Darío Arroyave, 41 ans, directeur de programmes de la station de radio Ondas del Valle et correspondant du quotidien El Tiempo dans le département de Valle del Cauca (Sud-Ouest). Le corps sans vie du journaliste a été découvert lardé de coups de couteau dans la matinée du 5 septembre 2007 à son domicile de Cartago et son ordinateur portable lui a notamment été dérobé. Les enquêteurs ont a priori écarté la piste professionnelle. L'organisation demande qu'elle soit étudiée.
“Javier Darío Arroyave avait eu maille à partir dans le passé avec les autorités locales pour avoir dénoncé des affaires de corruption impliquant des élus, aux niveaux municipal et départemental. Le risque est grand, pour les journalistes colombiens qui osent aborder ce genre de sujets, d'essuyer de lourdes représailles. Bien qu'aucune menace directe contre Javier Darío Arroyave n'ait été signalée avant son assassinat, les enquêteurs ne peuvent déclarer aussi vite que le mobile n'est pas lié aux activités professionnelles de la victime. Cette piste doit être prise en compte au même titre que les autres”, a déclaré Reporters sans frontières.
Directeur de programmes à la radio Ondas del Valle, une filiale de Caracol Radio, et travaillant par ailleurs en indépendant, Javier Darío Arroyave a été retrouvé assassiné chez lui dans la matinée du 5 septembre 2007. Ses collègues, ne le voyant pas arriver à la station pour la tranche d'informations matinale à laquelle il devait participer et inquiets de son silence après de multiples appels téléphoniques, se sont rendus à son domicile. Un voisin qui disposait du double des clés leur a ouvert la porte et les journalistes ont donné l'alerte.
Les enquêteurs ont relevé sur le cadavre de Javier Darío Arroyave des marques de coups de couteau à la poitrine et à l'abdomen. Selon les premiers témoignages, trois individus auraient participé à cet assassinat et auraient dérobé l'ordinateur portable du journaliste et quelques effets personnels. Néanmoins, il n'a été fait état d'aucune trace d'effraction. Le colonel Armando Burbano, chef de la police de Cartago, a dit ne pas croire à la piste professionnelle.
Cependant, comme l'a rappelé la Fondation pour la liberté de la presse (FLIP - organisation partenaire de Reporters sans frontières), l'ancien maire de Cartago, Luis Alberto Castro, avait supendu, en 2005, la publicité officielle diffusée dans le cadre du programme animé par Javier Darío sur Ondas del Valle. L'élu reprochait au journaliste ses mises en cause de responsables politiques locaux dans des affaires de corruption. Cartago est, par ailleurs, connue comme l'une des bases du cartel du Norte del Valle, dirigé par le narcotrafiquant Diego León Montoya Sánchez alias “Don Diego”.
Si le mobile professionnel était confirmé, Javier Darío Arroyave serait le premier journaliste assassiné cette année en Colombie pour ses activités.