Après les avocats, les autorités interdisent aux juges de parler à la presse
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Reporters sans frontières condamne la décision des autorités chinoises d'interdire aux juges de s'adresser à la presse, ainsi que la généralisation, dans les institutions d'Etat, des porte-parole, seules personnes habilitées à s'adresser aux médias.
“On voit mal comment le bâillonnement des juges pourrait apporter plus de transparence dans le travail de la justice, comme l'affirme l'agence officielle Xinhua. Le gouvernement cherche simplement à se doter d'un nouvel outil de contrôle de l'information diffusée à l'intérieur comme à l'extérieur du pays. A moins de deux ans de l'inauguration des Jeux olympiques à Pékin, la multiplication récente des atteintes à la liberté de la presse invite à s'interroger sérieusement sur la bonne volonté du gouvernement chinois ”, a déclaré l'organisation.
Le 13 septembre 2006, l'agence de presse officielle Xinhua (Chine Nouvelle) a annoncé que le gouvernement interdisait désormais aux juges de s'adresser directement aux journalistes. En cas d'infraction, les juges se verraient infliger de “sévères sanctions”. La communication d'informations aux médias passera désormais par les porte-parole des tribunaux qui auront également le pouvoir d'interdire aux autres fonctionnaires de justice de répondre aux questions des journalistes.
En mai dernier, les avocats avaient déjà été touchés par des mesures similaires. Ils ont en effet été menacés de représailles par leur Ordre s'ils communiquaient des informations aux journalistes étrangers sur des affaires sensibles, notamment concernant les prisonniers politiques.
Par la mise en place de porte-parole, que l'on retrouve également dans d'autres institutions, les autorités cherchent à exercer un contrôle total de l'information diffusée dans la presse locale. Quelques jours auparavant, les autorités avaient pris une autre mesure consolidant le monopole de l'agence gouvernementale Xinhua en Chine populaire, à Hong-Kong, Macao et Taïwan.
Les journalistes travaillant pour les médias étrangers sont également concernés par ces mesures restrictives. Ils perdent des sources d'information non-négligeable au sein des tribunaux. La condamnation à trois et cinq ans de prison de Zhao Yan et Ching Cheong, respectivement collaborateur du New York Times et correspondant du quotidien singapourien Straits Times, s'inscrit dans cette démarche de contrôle de l'information, deux ans seulement avant l'arrivée à Pékin de près de 20 000 journalistes du monde entier pour couvrir les Jeux olympiques.
Publié le
Updated on
20.01.2016