Après Google, une nouvelle entreprise américaine remet en cause ses activités en Chine
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Le groupe américain GoDaddy a annoncé, le 24 mars 2010, au cours d'une audition au Congrès américain, cesser de proposer à ses clients de nouveaux noms de domaines chinois (se terminant par le suffixe .cn) en raison des mesures de contrôle drastiques imposées par les autorités chinoises.
"Nous nous félicitons qu'une nouvelle entreprise américaine suive les traces de Google et résiste aux demandes des censeurs chinois. Nous demandons désormais à Microsoft et à Yahoo! de faire preuve de courage et de suivre leur exemple. Cette décision montre que la situation est devenue intenable pour les entreprises du secteur d'Internet. La censure et le contrôle à la Big Brother créent un climat défavorable aux activités économiques. Un sujet que l'Organisation mondiale du commerce devrait examiner de près. La Chine ne peut pas continuer à bénéficier des relations commerciales internationales sans en accepter les obligations, parmi lesquelles l'accès à une information libre, nécessaire à l'évaluation et au suivi des investissements", a déclaré Reporters sans frontières.
La directrice juridique de GoDaddy, Christine Jones, a expliqué la démarche du groupe : "nous avons décidé que nous ne voulions pas nous conduire comme des agents du gouvernement chinois." L'entreprise continuera en revanche de gérer les près de 27 000 noms de domaines .cn qu'elle a déjà attribués.
D'après Christine Jones, les exigences des autorités chinoises en termes de modalités d'attribution de noms de domaine .cn se sont considérablement accrues depuis la fin de 2009. Les internautes et les entreprises qui souhaitent créer un site Internet doivent désormais fournir en personne, aux autorités compétentes, une copie de leur pièce d'identité ainsi que des photos, le numéro d'enregistrement de l'entreprise et des formulaires dûment remplis et signés. Les autorités chinoises ont exigé que tous les clients existants de GoDaddy se soumettent à ces nouvelles règles.
"Seulement 20% de nos clients concernés ont fourni les documents demandés, (...) cela signifie que des milliers de sites Internet peuvent être désactivés par les autorités", a précisé Christine Jones. "Nous sommes inquiets pour la sécurité des individus touchés par les nouvelles exigences et pour le frein qu'elles mettront à l'enregistrement de nouveaux noms de domaine .cn", a-t-elle ajouté.
GoDaddy a également signalé avoir été victime de dizaines de cyber-attaques depuis le début de l'année, et met en cause la responsabilité des autorités chinoises : "Nous pensons que de nombreux abus actuellement rencontrés sur Internet proviennent de Chine et sont dus à un manque d’application des principes contre les activités criminelles par le gouvernement chinois."
De son côté, l’entreprise américaine Google, excédée par la censure et les cyber-attaques qui la visaient, a annoncé, le 22 mars 2010, l’arrêt de sa censure de la version chinoise de son moteur de recherche google.cn. Les utilisateurs de google.cn sont désormais redirigés vers Google.com.hk, où ils ont accès à des résultats non censurés par le géant de l'Internet, en caractères chinois simplifiés. Cependant, le Grand Pare-Feu chinois semble s'appliquer à google.com.hk et ses filtres empêchent pour le moment de manière intermittente les internautes d'avoir accès aux informations jugées sensibles par le régime.
Byron Dorgan, sénateur démocrate et président de la Commission exécutive du Congrès américain sur la Chine, qui traite des droits de l'homme en Chine, a complimenté Google et GoDaddy. Le député républicain Chris Smith a estimé pour sa part que cette décision de GoDaddy « est un signal positif, qui montre que les entreprises américaines du secteur d'Internet veulent se comporter de manière juste dans les pays répressifs ». Il a cependant critiqué durement Microsoft, qui censure les résultats de son moteur de recherche Bing en Chine, et a annoncé son intention de ne pas se retirer du marché chinois, en accusant la compagnie de « rendre la tyrannie possible ».
Chris Smith est l'auteur du Global Online Freedom Act (GOFA), une proposition de loi destinée à empêcher ces entreprises d'être forcées de collaborer avec les censeurs du Web dans les pays qui restreignent l'accès à Internet. Reporters sans frontières a apporté son soutien au GOFA, dont l'adoption est plus nécessaire que jamais.
Par ailleurs, Google, la CCIA (Association américaine du secteur informatique) et plusieurs élus américains ont demandé aux autorités américaines, le 24 mars, de combattre plus vigoureusement la censure chinoise sur le plan commercial et des droits de l'homme.
Publié le
Updated on
20.01.2016