Appel d'un écrivain ouïghour

Reporters sans frontières relaie l'appel du Uyghur PEN Centre 无国界记者传达维吾尔笔会的呼吁 Reporters sans frontières dénonce la situation de la liberté de l’information dans la région du Xinjiang. Le 7 juillet 2009, le gouvernement chinois a confirmé que l’accès à Internet était coupé dans la capitale Urumqi, afin “d’empêcher la violence de s’étendre”. Selon l’organe officiel Le Quotidien du peuple, une conférence de presse s’est tenue le même jour à 12h30 par les autorités de la ville et le comité municipal du Parti communiste chinois (PCC). 60 médias étrangers y auraient assisté ainsi que 80 médias nationaux. Les journalistes auraient ensuite assisté aux visites des lieux des émeutes et des hôpitaux, encadrés par le "département concerné" du Parti. Depuis le 5 juillet 2009, les communications téléphoniques internationales sont également coupées. L’organisation a interrogé Kaiser Abdurusul, secrétaire général de l’organisation d’écrivains Uyghur PEN Centre, basé au Royaume-Uni, sur les conditions d’accès à l’information dans la province. Quelle liberté ont les médias à l’heure actuelle ? Les principaux témoignages (photos, vidéos) que nous recevons viennent de touristes et pas de journalistes. Les journalistes chinois présents travaillent pour les médias d’Etat, contrôlés par le pouvoir chinois. Ils relaient donc la propagande et ne montrent que les côtés négatifs des revendications des Ouïghours. Les journalistes étrangers, eux, sont totalement instrumentalisés par le Parti communiste et n’ont accès qu’à très peu d’informations. Ils sont escortés par des membres du Parti où qu’ils aillent. De plus, les communications téléphoniques vers l’international et Internet sont coupées. Il est donc très dur de faire sortir l’information du pays. D’ailleurs, tout acte de cette nature est surveillé. Je n’ose moi-même pas appeler mes proches de peur de les soumettre à un danger encore plus grand. Quelles sont les sources d’informations sur lesquelles le peuple ouïghour peut compter ? Quasiment aucune. Les informations indépendantes sont des sources d’informations privées. Mais actuellement, il est très difficile de communiquer, les sources d’informations se raréfient et les journalistes qui osent couvrir les émeutes risquent leur vie. Tous les sites Internet et les forums en langue ouïghoure ont été fermés depuis le début des manifestations, le 26 juin dernier. Les communications internationales étant coupées, seuls les appels à l’intérieur du pays permettent d’obtenir des informations. La communauté ouïghoure à Pékin, Shanghaï et partout en Chine relaie l’information de cette manière. C’est ainsi que les Ouïghours du Xinjiang savent ce qui se passe à l’extérieur de la province. Internet est-il un moyen de communication utile dans la mobilisation ? Internet est aujourd’hui coupé et seules certaines personnes, si elles y ont accès, savent se servir de moyens de contournement de la censure en ligne. D’une manière générale, Internet est très surveillé en Chine et les internautes du pays ne peuvent consulter que des informations censurées. Au Xinjiang, environ la moitié des Ouïghours présents dans la province utilisent Internet. De même à Urumqi. Mais l’usage de cet espace est très réglementé. Par exemple, dans un cybercafé, on vous demande votre carte d’identité et tout ce que vous faites est surveillé. Et quand on demande une connexion personnelle chez soi, il faut se faire enregistrer auprès de la police et signer une déclaration pour s’engager à respecter les règles de connexion de la loi chinoise. Je demande aux journalistes occidentaux d’essayer de collecter des informations par tous les moyens possibles et d’aider le peuple ouïghour à ce que justice soit rendue à travers leurs récits.

“Nous demandons à la communauté internationale de prendre des sanctions contre la Chine. Le simple appel au respect des droits démocratiques ne suffit pas. L’ouverture dont le gouvernement fait preuve en direction des médias étrangers ne doit pas faire oublier que ce souci de transparence ne s’applique pas du tout aux journalistes chinois et sur Internet. Les autorités chinoises sont en train de couper du monde une de leurs provinces pour pouvoir exercer leur répression à huis clos”, a déclaré Reporters sans frontières.

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Updated on 20.01.2016