Serbie
Les promesses politiques des années précédentes ne s’étant pas concrétisées, la Serbie est un pays aux institutions faibles, en proie aux fausses nouvelles diffusées par les médias à sensation soutenus par le gouvernement, et où les attaques contre les journalistes, qui proviennent de plus en plus de l'élite au pouvoir et des médias loyalistes, sont presque quotidiennes. Le gouvernement a profité de la crise sanitaire pour passer une législation liberticide, abrogée depuis, qui a valu à la journaliste Ana Lalić, en avril 2020, une interpellation brutale à son domicile et une nuit en cellule pour un reportage sur un hôpital local. Lors des manifestations anti-gouvernementales, les journalistes ont été victimes de violences de la part des manifestants et de la police, qui a aussi procédé à des interpellations arbitraires. Bien que les autorités aient, dans de nombreux cas, été promptes à identifier les auteurs, les poursuites engagées avec succès contre les crimes commis contre les journalistes sont souvent d'une faiblesse alarmante. En 2020, la justice a annulé la condamnation en première instance des responsables de la mort de Slavko Ćuruvija, assassiné en 1999, entraînant un nouveau procès. Un progrès important dans la lutte contre l’impunité a cependant été marqué en début 2021, lorsque le commanditaire et deux auteurs de l’incendie de la maison du journaliste Milan Jovanović, en 2018, ont été tous condamnés en première instance à quatre ans de prison. Quant au lanceur d’alerte serbe le plus célèbre, Aleksandar Obradović, il continue à être poursuivi par la justice malgré le manque de preuves contre lui. Les médias indépendants, dont beaucoup au niveau local, ne cessent de couvrir des sujets dangereux tels que la corruption politique et le crime organisé alors même qu’ils sont fragilisés par la crise du coronavirus et la distribution des fonds publics au profit des médias fidèles au régime.