Madagascar

La précarité des journalistes et des médias malgaches les rend particulièrement vulnérables à l’influence des hommes d'affaires et des responsables politiques, qui possèdent de nombreux organes de presse. L’élection présidentielle remportée fin 2018 par l’ex-leader de la transition Andry Rajoelina a confirmé la très forte politisation des médias locaux, et notamment de la presse écrite. La quasi-totalité des titres ayant pris parti pour l’un ou l’autre des principaux candidats, l’accès à une information neutre et indépendante a été fortement limité. Des patrons de presse ont ensuite été nommés au gouvernement. Certains événements officiels sont réservés aux médias et aux journalistes proches du pouvoir. Le paysage médiatique se polarise de plus en plus, et les médias rivaux se livrent une véritable guerre, parfois au prix de convocations par la brigade criminelle pour désinformation et troubles à l’ordre public, comme c’est arrivé début 2021. La crise sanitaire a aussi été l’occasion d’un tour de vis sur le débat public, avec l’interdiction des interventions en direct des auditeurs et l’obligation pour tous les médias audiovisuels privés de diffuser les émissions consacrées à la pandémie sur les antennes et les ondes des médias publics. Ceux qui n’ont pas respecté cette injonction ont été mis en demeure. Sur le plan légal, le code de la communication adopté en 2016 fait référence au Code pénal pour statuer sur les délits de presse, menant potentiellement à une criminalisation de la profession. Il prévoit de lourdes amendes pour des infractions allant de l’outrage à la diffamation en passant par la divulgation de « fausses nouvelles », délit très imprécis et supprimant le droit à l’erreur des journalistes. Mais les condamnations restent rares. Après plusieurs années de procédure, le journaliste Fernand Cello, nommé au prix RSF 2017, qui avait été arrêté après des révélations compromettantes sur les autorités judicaires et politiques de sa région, a été blanchi par la justice en 2019. La corruption, notamment dans le secteur des ressources naturelles ou de l’environnement, reste un sujet difficile à traiter.