Bénin

Avec plus de 70 radios, une soixantaine de titres de presse et une quinzaine de chaînes de télévision, le Bénin dispose d’un paysage médiatique parmi les plus pluralistes de la région, et les journalistes béninois bénéficient d’une liberté d’expression certaine. Mais depuis l’accession au pouvoir en 2016 du président Patrice Talon, les activités de l’opposition sont très peu couvertes par la télévision d’État, et les médias sont sous étroite surveillance. Des « notes de cadrage » définissant des angles de traitement relevant très largement de la communication pro-gouvernementale sont envoyées aux rédactions après certains conseils des ministres. A l’évidence, le contexte politique pèse lourdement sur la production de contenus. En 2018, la Haute Autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) a suspendu, pour une durée indéterminée, un célèbre journal proche de l’opposition, et Sikka TV, qui appartient à Sébastien Ajavon, principal adversaire politique du président Patrice Talon, est toujours privée d'antenne, malgré une décision de justice de mai 2017 demandant sa réouverture. Plusieurs journalistes et blogueurs ont été poursuivis depuis l’adoption, en avril 2018, d’une loi portant code du numérique, dont certaines dispositions répressives entravent la liberté d'informer en criminalisant les délits de presse en ligne. Un journaliste d’investigation a ainsi été condamné, en mars 2020, à de la prison ferme pour avoir rapporté les propos du procureur de la République sur les réseaux sociaux et a passé six mois derrière les barreaux. Si la professionnalisation de la presse, notamment en ligne, reste un enjeu de taille, les autorités semblent plus pressées de durcir les conditions d’exercice du journalisme que de mettre en place des mesures d'accompagnement. Alors que l’aide de l’Etat à la presse est distribuée très irrégulièrement, les sites d’information sont en sursis depuis que la HAAC a décidé de leur demander une autorisation préalable pour avoir le droit d’exercer, un régime qui viole les standards internationaux en matière de liberté d’expression et qui sonne comme une tentative de réduire au silence les sites critiques du pouvoir. L’organe de régulation avait évoqué des critères très flous comme une « enquête de moralité » parmi les conditions requises pour bénéficier de l’autorisation.