Aloys Kabura enfin libre après cinq mois d'emprisonnement pour avoir critiqué le gouvernement dans un bar

Reporters sans frontières se réjouit de la libération d'Aloys Kabura, correspondant à Kayanza (Nord) de l'Agence burundaise de presse (ABP, publique), après qu'il a purgé une peine de cinq mois d'emprisonnement. Il a dénoncé auprès de l'Agence France-Presse (AFP) un emprisonnement "injuste" et une accusation "montée de toutes pièces, car il y avait d'autres motifs derrière". ------------------ 19.09.2006 - Cinq mois de prison ferme pour avoir critiqué le gouvernement dans un bar Aloys Kabura, correspondant de l'Agence burundaise de presse (ABP, publique) à Kayanza (Nord), a été condamné le 18 septembre 2006 à cinq mois de prison ferme pour "rébellion" et "imputations dommageables" par un tribunal de Ngozi, a appris Reporters sans frontières. Incarcéré depuis le 31 mai, il était poursuivi pour avoir critiqué, dans un bar de la ville, l'attitude du gouvernement et la violence des forces de sécurité, lorsque, le 17 avril, une vingtaine de journalistes avaient été séquestrés pendant une demi-journée au domicile d'un député. "Nous sommes très inquiets pour l'avenir de la démocratie au Burundi, car ce verdict est à la fois scandaleux et écœurant. Il prouve d'abord que les services de renseignements burundais sont tout-puissants sur la police et la justice. Il révèle ensuite leur entêtement à punir durement ceux qui s'écartent de la ligne du parti, en dépit de toutes les tentatives de médiation et tous les appels à la raison. Enfin, il permet de maintenir en prison un homme malade, qui n'a commis aucun crime", a déclaré Reporters sans frontières. Deux magistrats sont venus avertir Aloys Kabura du verdict prononcé à son encontre dans l'enceinte de la prison de Ngozi. Le tribunal a rendu sa décision en audience publique, mais en l'absence de la famille ou des avocats du journaliste. Depuis sa troisième semaine de détention, Aloys Kabura est en mauvaise santé. Les appels à sa remise en liberté provisoire pour raisons médicales sont restés lettre morte. Le journaliste qui, avant son arrestation, se disait surveillé et menacé par la police, avait réalisé, au mois de janvier, une enquête sur un trafic de sucre avec le Rwanda qui aurait été couvert par la police. ----------- 14.06.2006 - Deuxième semaine de détention illégale pour Aloys Kabura, victime de vices de procédure Alors qu'Aloys Kabura termine sa deuxième semaine de détention, Reporters sans frontières demande la libération du journaliste de l'Agence Burundaise de Presse (ABP, officielle), victime de vices de procédure et de manipulations de la part du procureur de la République de Kayanza (Nord). "Le cas d'Aloys Kabura est emblématique de ces affaires judiciaires instruites sous la pression des autorités policières et politiques. Il s'agit à l'évidence d'un acharnement visant à punir un journaliste indocile. Si la justice burundaise ne veut pas se rendre complice des abus de pouvoir et des manipulations qui ont conduit Aloys Kabura en prison, celui-ci doit être remis en liberté dès que possible", a déclaré Reporters sans frontières. Le journaliste a été arrêté et incarcéré le 31 mai 2006 pour avoir, dans un bar de la ville, “tenu, devant témoins, le 21 avril, des propos diffamatoires sur le régime”, selon le procureur Jean Paul Manwagari. Or, la procédure ayant mené à son emprisonnement n'est pas conforme à la loi : l'infraction qui lui était initialement reprochée est réprimée par une sanction pénale de 2 mois ou de 5000 francs burundais, alors que la mise en détention préventive ne s'applique, selon le code de procédure pénale, qu'en cas d'infraction donnant lieu à une sanction pénale d'au moins un an. Après s'être rendu compte que la victime était détenue illégalement, le procureur de la République a émis le 5 juin un mandat d'arrêt antidaté sur le jour de l'arrestation, comportant d'autres infractions. Aloys Kabura est désormais accusé de “rébellion”, d' “outrages” et d' “imputations dommageables”. Le procureur de la République soutient que l'envoi du premier mandat résulte d'une erreur de secrétariat. “Les médias burundais estiment ce cas difficile à défendre, parce qu'il s'agit d'une mise en accusation pour des propos tenus dans un cadre officieux. Seule la radio privée Isanganiro s'est étonnée de la lenteur du délai de comparution”, souligne un responsable de la Ligue burundaise des droits de l'homme, interrogé par Reporters sans frontières. Selon l'association Avocats sans Frontières, celle-ci pourrait prendre la défense du journaliste dont une “audience de confirmation de détention préventive” est prévue le 16 juin.
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Updated on 20.01.2016