Alors que Wen Jiabao signe des contrats en France, le journaliste Shi Tao est soumis au travail forcé

Condamné à dix ans de prison pour "divulgation illégale de secrets d'Etat à l'étranger" sur la base d'informations transmises par Yahoo !, Shi Tao (photo) est contraint de travailler, sans aucune forme de rémunération, dans une fabrique de bijoux gérée par une prison de la province du Hunan (centre du pays). Il souffre de problèmes respiratoires et d'irritation de la peau. Reporters sans frontières demande aux autorités françaises d'intervenir en sa faveur.

Alors que le Premier ministre chinois Wen Jiabao est en visite en France du 4 au 7 décembre 2005, Reporters sans frontières a pu confirmer que le journaliste emprisonné Shi Tao est contraint au travail forcé. Condamné à dix ans de prison pour "divulgation illégale de secrets d'Etat à l'étranger" sur la base d'informations transmises par Yahoo !, le journaliste souffre de problèmes respiratoires et d'irritation de la peau. Il est en effet contraint de travailler, sans aucune forme de rémunération, dans une fabrique de bijoux dépendante de la prison de Chishan dans la province du Hunan (centre du pays). Il y a été transféré le 5 septembre dernier après avoir été détenu pendant plusieurs mois à Taiyuan (province du Shanxi, au sud-ouest de Pékin). Selon la famille de Shi Tao, de nombreux prisonniers sont atteints de pneumonie et d'autres maladies respiratoires en raison des poussières dégagées et des produits utilisés pendant la coupe et le polissage de ces bijoux ensuite commercialisés par les autorités pénitentiaires. Sa mère est également inquiète car le journaliste souffre depuis plusieurs années de crises d'ulcère et d'une fragilité cardiaque. Le centre de détention localisé sur une île au milieu du lac Dongting (près de la ville de Yuanjiang) est réservé aux détenus condamnés à des peines supérieures à dix ans d'incarcération. Selon le Chinese Rights Defenders Network, cette prison de haute sécurité accueille surtout des criminels, des chefs mafieux, des prisonniers politiques et des adeptes du mouvement spirituel Falungong. Reporters sans frontières demande aux autorités françaises d'intervenir en faveur du journaliste Shi Tao. « Le partenariat économique et scientifique entre la France et la Chine populaire ne doit pas occulter la politique répressive du gouvernement de Pékin à l'encontre de la liberté d'expression. Nous estimons que la France doit, dans le cadre de son dialogue avec les autorités chinoises, porter l'accent sur la libération des prisonniers d'opinion», a affirmé l'organisation. Au moins 32 journalistes et 62 cyberdissidents sont actuellement emprisonnés en Chine populaire.
Publié le
Updated on 20.01.2016