Afrique du Sud: un journaliste perd sa chronique suite à un article critique sur la Chine
Un éditorialiste du second plus grand groupe d'information sud-africain Independent Media, partiellement contrôlé par des investisseurs chinois, dénonce l'arrêt soudain de sa chronique suite à un article critique sur la Chine.
L'éditorialiste Azad Essa a dénoncé jeudi 6 septembre l'arrêt soudain de sa chronique “Au bout du monde” pour le second plus grand groupe d’information sud-africain Independent Media, aussi connu en ligne sous l'acronyme IOL, suite à un article dénonçant la persécution des Ouïghours en Chine. A en croire l’explication fournie par la direction de IOL, une “refonte du journal” aurait rendu nécessaire l’arrêt immédiat de la chronique et le remplacement du journaliste.
Ce prétexte cache vraisemblablement une volonté de ne pas déplaire aux investisseurs chinois du média: IOL est en effet contrôlé à 20% par le fonds de développement privé Chine-Afrique (CADFUND) et la société de diffusion China International Television Corporation (CITVC).
RSF dénonce une atteinte grave à l’indépendance rédactionnelle du quotidien. “Dans une démocratie comme l’Afrique du Sud, il n’est pas acceptable que la ligne éditoriale d’un média dépende de la nationalité de ses investisseurs, dénonce Cédric Alviani, directeur du bureau Asie de l’Est de RSF. Cet exemple reflète l’influence croissante exercée par Pékin hors de ses frontières et qui vise à imposer un nouvel ordre médiatique mondial, duquel l'éthique journalistique et le droit des citoyens à l’information seraient exclus.”
En Afrique du Sud, le groupe chinois StarTimes est ainsi devenu récemment l’actionnaire majoritaire du fournisseur d'accès satellite TopTV. Au Sénégal, le quotidien national Le Soleil distribue gratuitement le magazine Chinafrique du groupe public chinois Beijing Review. En Europe, selon une enquête de Bloomberg News, la Chine aurait investi ces dix dernières années près de 3 milliards d’euros en prises de participations dans divers médias.
La Chine occupe le bas du Classement RSF mondial de la liberté de la presse 2018 (176e sur 180 pays).