Soudan du Sud : un journaliste de Radio Miraya (Nations Unies) en détention arbitraire depuis deux ans

Reporters sans frontières (RSF) dénonce la détention arbitraire et au secret depuis bientôt deux ans du journaliste George Livio de Radio Miraya, radio de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud. RSF demande que les chefs d’accusation retenus à son encontre lui soient notifiés et qu’il puisse bénéficier d’un procès équitable.

Depuis deux ans, le journaliste George Livio de Radio Miraya, radio de la Mission des Nations unies au Soudan du Sud (UNMISS), est détenu arbitrairement et au secret dans les locaux des services de renseignements sud-soudanais, à Juba. A ce jour, aucune charge n’a été établie à son encontre. Seuls les représentants de l’UNMISS ont été autorisés à rendre visite au journaliste, qui n’a vu ni proches ni avocat depuis le début de son incarcération.


Il avait été arrêté le 22 août 2014 à Wau, la capitale de Western Bahr el Ghazal. Derick Alfred, ministre de l’Information de cet Etat du nord-ouest du pays, l’avait alors justifié par le fait que des surveillances téléphoniques avaient établi que le journaliste était en contact avec les rebelles du vice-président Riek Machar, dans le conflit civil qui déchire le Soudan du Sud depuis décembre 2013.


Reporters sans frontières rappelle que la détention arbitraire et au secret de George Livio est contraire à l’article 64 du Code de procédure pénale sud-soudanais qui dispose que “toute personne arrêtée par la police dans le cadre d’une enquête peut être maintenue en détention pour les besoins de l’enquête pour une période n’excédant pas 24 heures”.


“Ces deux années d’incarcération sans fondement constituent un traitement inhumain, cruel et dégradant, estime Reporters sans frontières. Nous exigeons que les charges retenues contre George Livio lui soient présentées et qu’il puisse obtenir un procès équitable.”


Reporters sans frontières a néanmoins appris avec soulagement la libération sous caution du rédacteur en chef du Juba Monitor Alfred Taban le 29 juillet dernier après 13 jours de détention suite à la publication d’un communiqué appelant les parties au conflit à prendre leurs responsabilités. Alfred Taban est désormais poursuivi pénalement pour « communication ou publication de fausses informations sur le Soudan du Sud » et « outrage à l’autorité ou insulte au président » d’après les articles 75 et 76 du Code pénal de 2008.


La situation s’est aggravée ces dernières semaines au Soudan du Sud, exposant de façon critique les journalistes et les défenseurs des droits humains.


Depuis le début du conflit civil, le Soudan du Sud a perdu 26 places dans le Classement 2016 de la liberté de la presse établi par RSF, occupant désormais la 140e place sur 180.


Pour en savoir plus sur la situation de la liberté de la presse au Soudan du Sud, cliquez ici.

Publié le
Mise à jour le 05.08.2016