Coronavirus : l’ambassadeur de Chine n’a pas de leçons à donner à la presse française
Le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), Christophe Deloire, répond aux violentes critiques formulées par l’ambassadeur de Chine en France Lu Shaye à l’encontre de la presse française et de sa couverture du coronavirus.
Dans une série d’interventions médiatiques récentes, l’ambassadeur de Chine en France Lu Shaye s’en prend avec virulence à « une certaine presse française » qu’il accuse de salir l’image de son pays en proférant des « mensonges » sur son rôle dans l’actuelle pandémie de coronavirus. Ces médias, que le diplomate ne nomme jamais, mais qui semblent représenter pour lui la presse française dans son ensemble, se seraient « moqués de la Chine » au mépris « de toute déontologie et de la plus élémentaire bonne foi », dans un état d’esprit qui selon lui « confine à la paranoïa. »
« Cette “leçon de journalisme” à la presse française est inepte de la part d’un représentant de la République populaire de Chine, pays au 177ème rang sur 180 du Classement mondial RSF de la liberté de la presse et qui est la plus grande prison au monde pour les journalistes, s’indigne Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), qui rappelle que « la censure imposée par Pékin aux médias chinois a eu un impact très négatif en retardant la prise en charge de l’épidémie de coronavirus à ses débuts. »
Le 15 mars, sur la chaîne câblée Mandarin TV, l’ambassadeur s’est ainsi plaint de la malveillance des médias recourant selon lui à des méthodes de « propagande » pour infliger à l’opinion publique « un véritable lavage de cerveau. » Les 14 et le 29 février, dans deux communiqués publiés sur le site de l’ambassade, le diplomate a aussi dénoncé les propos « irresponsables » et les « absurdités » proférées selon lui par les médias français au sujet de la Chine.
Dans son précédent poste au Canada, Lu Shaye s’était déjà illustré par son mépris pour la liberté de la presse, n’hésitant pas à accuser publiquement Ottawa de « se prosterner devant les journalistes préoccupés par les droits humains. »
L’attitude de l’ambassadeur participe d’une politique concertée au plus haut niveau du régime chinois pour contrôler l’information hors de ses frontières, comme RSF l’a montré l’an dernier dans un rapport d’enquête intitulé « Le nouvel ordre mondial des médias selon la Chine. »