Bélarus : RSF réclame la libération immédiate du journaliste Zmitser Halko
Le procès du journaliste indépendant Zmitser Halko, en détention depuis le mois d’avril, se poursuit à Minsk. La première audience a démontré qu’il faisait l’objet d’un véritable acharnement. Reporters sans frontières (RSF) demande sa libération immédiate et l’abandon des poursuites intentées contre lui.
Le procès du journaliste indépendant Zmitser Halko s’est ouvert le 10 juillet à Minsk, la capitale bélarusse. En détention provisoire depuis le 21 avril, il risque jusqu’à six ans de prison pour “usage de la force contre un officier de police”. Le journaliste, connu pour sa position critique du gouvernement et ses nombreux reportages en Ukraine depuis la révolution de 2014, avait récemment collaboré avec le site d’information indépendant de référence Belarousski Partyzan, bloqué l'an dernier au Bélarus.
“Dans un contexte marqué par la répression des voix critiques, l’acharnement dont est victime Zmitser Halko ressemble fort à de la vengeance, déclare Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’est et Asie centrale de RSF. Le journaliste n’a rien à faire en prison : nous demandons sa libération immédiate et l’abandon des poursuites intentées contre lui.”
La première audience, le 10 juillet, a permis de faire la lumière sur les faits incriminés. Zmitser Halko est mis en cause pour une altercation avec un des policiers qui avaient fait irruption chez lui lors de l’anniversaire de son fils de 15 ans, en novembre 2017. L’officier en question a admis à l’audience qu’il n’avait reçu aucune plainte des voisins et que les policiers étaient intervenus de leur propre initiative, en voyant des mineurs sur le balcon et en “suspectant qu’ils étaient en train de boire de l’alcool”.
Malgré l’illégalité de cette intrusion dans un domicile privé, les policiers sont restés une heure sur place en filmant la soirée et en attendant des renforts. Au bout d’une heure, une altercation a éclaté et Zmitser Halko est intervenu lorsque son fils a été plaqué au sol. Tous deux ont été menottés et emmenés au poste. Le journaliste a été condamné peu après pour “trouble à l’ordre public” et s’est acquitté d’une amende. Mais loin de s’en satisfaire, la police a lancé des poursuites pénales à son encontre. Parti quelques semaines en Ukraine pour rejoindre sa compagne, Zmitser Halko a été arrêté dès son retour au Bélarus.
Zmitser Halko a couvert la révolution et le conflit armé en Ukraine pour plusieurs titres bélarusses et étrangers, ce qui lui a valu d’être brièvement détenu par les rebelles séparatistes en 2014. Il a régulièrement mis sa connaissance du terrain au profit de journalistes étrangers avec qui il travaillait comme fixeur. Il est devenu rédacteur du site d’information de référence Belarousski Partyzan entre 2016 et 2017, peu après l’assassinat de son fondateur Pavel Cheremet à Kiev. Le site a activement couvert les manifestations antigouvernementales du printemps 2017, multiplié les critiques à l’égard du régime bélarusse et accentué sa position pro-ukrainienne, avant d’être bloqué en décembre.
Le Bélarus occupe la 155e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse 2018, établi par RSF. La répression s’est encore intensifiée ces derniers mois, avec une cascade d’amendes inédite contre les journalistes indépendants et l’adoption d’une réforme encore plus drastique de la loi sur les médias.