Abandon des poursuites contre le journaliste Mikhail Afanassiev

Le ministère de l’Intérieur de la République de Khakassie (sud-ouest de la Sibérie) a abandonné, le 1er septembre 2009, les poursuites judiciaires à l’encontre du rédacteur en chef du site Novy Focus, Mikhail Afanassiev, accusé, depuis le 20 août, de répandre des "fausses rumeurs". Reporters sans frontières se félicite mais considère que cette affaire est révélatrice de l’animosité de certaines autorités russes à l’encontre des médias indépendants. Les gouvernements locaux et central doivent renoncer à leur volonté de contrôler de manière arbitraire la diffusion des informations en temps de crise." Mikhail Afanassiev avait publié des informations sur l’explosion d’une turbine de la centrale électrique de Saïano-Chouchenskaïa dans la République de Khakassie, le 17 août, causant la mort de 73 employés. Lire le communiqué en russe/Читать на русском
---------------------------------------------------------- 25.08.2009 - Explosion d'une centrale hydroélectrique : un journaliste n’a pas la même version des faits que les autorités et risque 3 ans de prison Mikhaïl Afanassiev (photo Rambler), journaliste indépendant et rédacteur en chef du site internet Novy Focus, est poursuivi par le procureur d’Abakan (sud-ouest de la Sibérie) pour "diffamation" et infraction au paragraphe 3 de l’article 129 du code pénal russe. Son matériel informatique ainsi que son téléphone portable ont été confisqués par les autorités. "Nous demandons instamment au procureur d’Abakan de mettre un terme aux poursuites contre le journaliste. Mikhaïl Afanassiev n’a pas, comme il lui est reproché, l’intention "d’intenter à la dignité du travail des autorités", ni de "semer la panique parmi la population locale". Il n’a fait que publier des informations qui lui avaient été transmises par des journalistes présents sur les lieux de l’explosion de la centrale, et qui confirmaient les témoignages recueillis auprès des proches des victimes. Grâce à son travail, ce sont des vies humaines qui peuvent encore être sauvées", a déclaré l’organisation. "Ces événements tragiques du 17 août en évoquent d’autres. Le 12 août 2000, le sous-marin Koursk s’était retrouvé bloqué dans les eaux de la mer de Barents. Il avait alors été reproché à l’Etat russe sa passivité face à ce drame dans lequel les 118 membres de l’équipage avait péri. Aujourd’hui, pour éviter une telle mise en cause, le premier ministre Vladimir Poutine s’est rapidement rendu sur les lieux de la catastrophe. Visiblement, en publiant les témoignages des proches qui affirment que l’Etat ne fait pas tout pour secourir les victimes, Mikhaïl Afanassiev s’écarte de la communication officielle, ce qui lui attire les foudres des autorités. Il en fait les frais aujourd’hui", a conclu Reporters sans frontières. Mikhaïl Afanassiev est mis en cause pour avoir publié, le 18 août 2009, sur son blog les résultats des investigations des journalistes Eric Chernyshev et Gregory Nazarenko, présents sur les lieux, ainsi que les témoignages des proches des victimes affirmant que des survivants étaient retenus dans des poches d’air et qu’on pouvait les entendre cogner contre les cloisons (lire l'article). Le journaliste a également publié sur son blog le sentiment des familles des employés, qui pensent que les autorités n’ont pas tout mis en oeuvre pour sortir les survivants des décombres. Les autorités de Khakassie accusent le journaliste de calomnie et d’avoir sciemment répandu des informations fausses portant atteinte à la dignité des autorités locales. Or, de nombreux journalistes rapportent les mêmes informations, dont la correspondante du quotidien français Le Monde Mikhaïl Afanassiev encourt jusqu’à 3 ans de prison ainsi que de fortes amendes. De leur côté, les autorités russes affirment que tout est mis en oeuvre pour sauver les victimes de la catastrophe. Le premier ministre Vladimir Poutine a déclaré qu’il y avait peu de chance de retrouver vivants les employés de la centrale disparus dans l’explosion. (Photo Ekho Mockvy) Le secrétaire général du syndicat des journalistes en Russie, Mikhaïl Fedotov, estime que les poursuites à l'encontre de Mikhaïl Afanassiev doivent cesser. "Si Mikhaïl Afanassiev demande un soutien au syndicat des journalistes de Russie, nous lui fournirons toute l'aide dont il a besoin, et en tant que docteur en droit, j'y veillerai personnellement", a-t-il déclaré. Le journaliste indépendant Mikhaïl Afanassiev, gênant aux yeux des autorités pour sa trop grande liberté de ton, n’en est pas à ses premiers démêlés avec la justice russe. Depuis 2004, il est fréquemment poursuivi en justice pour "diffamation". Certaines de ces poursuites ont été classées sans suite. Le 20 juin 2007, la cour d’Abakan l’a condamné, pour "diffamation", à verser une somme de 3 884 dollars de dommages et intérêts. En décembre 2004, les autorités de Khakassie avaient refusé de lui délivrer un passeport pour se rendre à Moscou afin d’y recevoir le prix Sakharov qui lui était décerné par la fondation pour la défense de la Glasnost pour son travail. Le 16 juin 2007, il a été violemment agressé près d’Abakan par des officiers de police. Le journaliste dément fermement les accusations portées contre lui et affirme avoir simplement voulu, par son travail, permettre que des vies soient sauvées. Officiellement, dans l’explosion d’une turbine de la centrale hydroélectrique de Saïano-Chouchenskaïa, 71 employés ont péri. Mais plus d’une vingtaine de personnes sont portées disparues et il y a peu d’espoir de les retrouver vivantes. читайте на русском
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Mise à jour le 20.01.2016