"3 ans de prison pour journalisme" : RSF lance une campagne pour demander la libération de Hassan Ruvakuki

Condamné en janvier dernier à trois ans de réclusion alors qu'il n'a fait que son métier de collecte de l'information, le journaliste burundais Hassan Ruvakuki est victime d'un acharnement judiciaire. Arrêté en novembre 2011 à Bujumbura, Hassan Ruvakuki avait été condamné en première instance, en juin 2012, à la prison à perpétuité pour "participation à une activité terroriste". En appel, le 8 janvier 2013, il voit sa peine réduite à trois ans de prison ferme, après requalification des faits. Les autorités l'accusent désormais de "participation à une association formée dans le but d'attenter aux personnes et propriétés". Une demande de libération conditionnelle a été rejetée le 19 février dernier. Le 6 mars 2013, alors des bruits d'une libération temporaire du journaliste avaient couru à l'approche de la prochaine visite en France du président Pierre Nkurunziza, c'est une "libération pour soins de santé", dénuée de justification médicale et sans durée prédéterminée, qui a finalement été accordée à Hassan Ruvakuki. Avec ce nouveau camouflet, les autorités burundaises espèrent créer des conditions optimales pour la visite présidentielle en France. Elles pourront désormais se prévaloir d'un geste de bonne volonté, sans pour autant reconnaître l'innocence du journaliste ou s'engager à mettre fin à son calvaire. Hassan Ruvakuki n'a pourtant fait que son devoir de journaliste : aller au devant de l'information. Peu de temps avant son arrestation, il s'était rendu en Tanzanie voisine pour couvrir l’émergence d'un mouvement rebelle burundais. Il avait demandé, par souci d’équilibre, à la rédaction de Radio France Internationale en swahili basée à Dar es Salaam, de ne pas diffuser son reportage, n’ayant pas pu obtenir de commentaire de la part des autorités burundaises suite à la déclaration du chef rebelle. En outre, le chef rebelle avait également refusé de répondre aux questions du journaliste. A quatre jours de la visite en France du président de la République du Burundi, Pierre Nkurunziza, prévue du 10 au 12 mars 2013, Reporters sans frontières lui demande de respecter les engagements pris à son investiture, après sa réélection le 26 août 2010 : "Pour que le Burundi soit un havre de paix et de développement, nous allons consolider la bonne gouvernance (…) Nous veillerons à la promotion des droits de l'homme en promouvant une justice équitable". Un extrait de la stratégie nationale de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption (SNBLC) adoptée par le Conseil des ministres du 20 octobre 2011 affirme : "Le rôle de la presse est indéniable dans toute démocratie, la liberté de la presse témoigne de l'ancrage et du dynamisme de la démocratie et de l'Etat de droit". Si le président de la République du Burundi n’agit pas d’ici là, Reporters sans frontières demande au président français François Hollande de soulever le cas d’Hassan Ruvakuki auprès de son homologue au cours de leur entretien du 11 mars prochain. C’est dans cette perspective que Reporters sans frontières lance une campagne de communication destinée à sensibiliser l’opinion publique et les décideurs politiques et à obtenir la libération du correspondant du service en swahili de Radio France Internationale (RFI) et journaliste de la radio Bonesha FM. Intitulée "Hassan Ruvakuki : 3 ans de prison pour journalisme", la campagne consiste en un portrait postérisé du journaliste barré de trois bandes rouges, rappelant les barreaux d'une prison et la peine de trois ans dont a écopé notre confrère. Le visuel est décliné en affiches, encarts presse et bandeaux web. La campagne sera diffusée dans les médias français et africains, et sur les réseaux sociaux. Un mouvement de mobilisation a vu le jour dans toute l'Afrique. Des médias, groupes de presse et Maisons de la Presse ont apporté leur soutien à Hassan Ruvakuki, aux côtés de RSF, RFI et l'Audiovisuel extérieur de la France. La pétition lancée par Reporters sans frontières en janvier 2013 pour obtenir la libération du journaliste a déjà réuni plus de 2700 signatures. Toute l'information sur l'affaire Hassan Ruvakuki.
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Updated on 20.01.2016