Élections municipales en Turquie : RSF dénonce une absence de pluralisme à la télévision publique

Élections municipales en Turquie : RSF dénonce une absence de pluralisme à la télévision publique

Avant le scrutin des municipales du 31 mars, le parti au pouvoir du Président Erdogan, le Parti de la justice et du développement (AKP), continue d’imposer son seul discours dans tous les médias, avec une mainmise flagrante sur la télévision publique. Reporters sans frontières (RSF) dénonce ce nouvel exemple de traitement médiatique discriminatoire et d’une atteinte au pluralisme de l’information.

Avoir déjà 85 % des médias nationaux privés sous sa coupe ne semble pas suffisant pour le parti au pouvoir, le Parti de la justice et du développement (AKP). Comme lors des élections présidentielle et législatives de mai 2023, RSF dénonce un traitement médiatique de la campagne pour les élections municipales du 31 mars prochain clairement discriminatoire aussi sur la chaîne publique nationale, TRT Haber

Les chiffres sur les temps de parole comptabilisés entre le 1er janvier et le 10 février 2024 – relevés dans un rapport du 12 février du Conseil supérieur de l’audiovisuel (RTÜK) – sont sans équivoque : pendant ces 40 jours, TRT News a réservé 1 945 minutes, soit plus de 32 heures, à Recep Tayyip Erdogan et son parti l’AKP, contre 25 minutes seulement pour le chef de l’opposition, Özgür Özel, président du Parti républicain du peuple (CHP). Le droit du public à une information plurielle à même de lui permettre de faire ses propres choix est totalement bafoué. 

“Ce gouvernement autoritaire ne veut pas assurer des élections transparentes et démocratiques. Il instrumentalise la chaîne de télévision publique TRT à ses propres fins, pour contrôler le discours politique. En cette période électorale, il est plus que nécessaire d’instaurer l’indépendance et l’autonomie des médias publics en Turquie, afin de garantir le droit à une information fiable et plurielle pour les citoyens de ce pays.”

Erol Onderoglu

Représentant spécial de RSF en Turquie

Deux membres du RTÜK, Ilhan Tasci et Tuncay Keser, ont d’ailleurs saisi l’organe de régulation pour que la TRT Haber soit sanctionnée. Dans un deuxième rapport, ces deux experts pointent également une inégalité on ne peut plus flagrante : aucun temps de parole n’a été accordé les 12 et 13 février sur TRT Haber aux membres du CHP qui sont les candidats de l’opposition dans les trois plus grandes métropoles de Turquie, à savoir l’actuel maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, le maire d’Ankara, Mansur Yavas, et le candidat pour la mairie d’Izmir, Cemil Tugay. Les candidats de l'AKP Murat Kurum (Istanbul), Turgut Altınok (Ankara) et Hamza Dag (Izmir) ont quant à eux bénéficié de 73 minutes d’antenne en deux jours. 

La Turquie occupe la 165e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2023 par RSF.

 

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