Élections historiques : le succès ne sera pas complet sans des gestes forts pour la liberté de l’information
Organisation :
A la veille des élections législatives du 11 mai 2013, Reporters sans frontières adresse une lettre ouverte au gouvernement et aux responsables des partis politiques pakistanais. L’organisation y fait part de ses inquiétudes quant à la difficulté croissante pour les journalistes de couvrir certaines parties du pays, et appelle le prochain gouvernement issu des urnes à assurer la protection des acteurs de l’information.
Monsieur Asif Ali Zardari, Président de la République islamique du Pakistan
Monsieur Mir Khazar Khan Khoso, Premier ministre par intérim
Mesdames et messieurs les responsables de partis politiques pakistanais
Paris, le 10 mai 2013, Mesdames, Messieurs, Le Pakistan s'apprête à vivre une page historique de son histoire. Le 11 mai 2013 se tiendront des élections législatives, qui marqueront pour la première fois le transfert du pouvoir entre un gouvernement civil arrivé au terme de son mandat, et un autre issu des urnes. Cet événement constitue une grande avancée démocratique pour le pays, jusqu’alors coutumier des coups d’Etat, et Reporters sans frontières, organisation internationale de défense de la liberté de l’information, vous félicite d’avoir su la garantir. Cependant, nous tenons à vous faire part de notre inquiétude quant aux risques que les vagues de violence qui submergent le pays font peser sur l’information. Le Pakistan est à ce jour le pays le plus meurtrier au monde pour les journalistes depuis le début de l’année 2013. Le contrôle de l’information, la censure et les pressions exercées sur les journalistes et net-citoyens dans les zones tribales doivent être combattues, et tous les moyens mis en œuvre pour empêcher leur extension aux autres provinces du pays et la constitution de véritables “trous noirs de l’information”. La tenue d’élections démocratiques ne saurait être mise à mal par des groupes terroristes faisant régner la terreur. Depuis le début de l’année 2013, au Pakistan, six journalistes ont été assassinés, dans l’exercice de leurs fonctions. Quatre d’entre eux ont perdu la vie dans la province du Baloutchistan : le 10 janvier 2013, Mohammad Iqbal (News Network International), Saifur Rehman et Imran Shaikh (Samaa News), ont été tués dans un double attentat à Quetta, et le 1er mars 2013, Mehmood Ahmed Afridi, correspondant pour le journal Intikhab, a été assassiné à Kalat par l’Armée de Libération du Baloutchistan (BLA). Le 27 février, Malik Mumtaz Khan, journaliste à Geo News TV et pour le groupe de presse Jang, a été assassiné par balles dans le Nord-Waziristan. Aslam Durrani, secrétaire de rédaction pour le quotidien en langue ourdoue Daily Pakistan, a perdu la vie au cours de l’attentat-suicide qui a tué 17 personnes au cours d’un meeting du Parti National Awami le 16 avril 2013 à Peshawar. Avec la tenue d’élections législatives libres, un nouvel espoir semble se dessiner pour l’instauration de la démocratie au Pakistan. Pour que cette expérience soit réussie, il vous appartient, responsables gouvernementaux et représentants de partis politiques, d’assurer le respect de la liberté de la presse. Dans ce but, Reporters sans frontières vous exhorte à mettre en place des moyens efficaces permettant d’assurer la sécurité physique des journalistes, et la levée totale de l’impunité des assassins d’acteurs de l’information. Les auteurs et les commanditaires de ces crimes doivent impérativement être identifiés, et poursuivis en justice. Nous appelons le gouvernement à mettre fin aux exactions commises par le Military Intelligence, l’Intelligence Bureau et en premier lieu l’Inter-Services Intelligence (ISI), impliquées dans de nombreux cas de surveillance, d’enlèvements, de tortures et d’assassinats de journalistes. Nous vous enjoignons également à faire respecter la publication et la diffusion de toutes les informations relatives à la tenue et aux résultats de ces élections, afin d’assurer toute la transparence nécessaire à leur crédibilité. Reporters sans frontières reste à vos côtés pour vous soutenir dans ces démarches, et accompagner le Pakistan dans sa marche vers la démocratie. Restant à votre disposition pour discuter de manière détaillée des points soulevés dans ce courrier, nous vous prions d’agréer, Mesdames, Messieurs, l’expression de notre haute considération, Christophe Deloire, Secrétaire Général de Reporters sans frontières Retrouvez les fiches descriptives des trois “prédateurs de la liberté de l’information” pakistanais : - Le Mollah Mohammad Omar - Les agences de renseignement pakistanaises - Les groupes armés baloutches Photo : A. MAJEED / AFP
Monsieur Mir Khazar Khan Khoso, Premier ministre par intérim
Mesdames et messieurs les responsables de partis politiques pakistanais
Paris, le 10 mai 2013, Mesdames, Messieurs, Le Pakistan s'apprête à vivre une page historique de son histoire. Le 11 mai 2013 se tiendront des élections législatives, qui marqueront pour la première fois le transfert du pouvoir entre un gouvernement civil arrivé au terme de son mandat, et un autre issu des urnes. Cet événement constitue une grande avancée démocratique pour le pays, jusqu’alors coutumier des coups d’Etat, et Reporters sans frontières, organisation internationale de défense de la liberté de l’information, vous félicite d’avoir su la garantir. Cependant, nous tenons à vous faire part de notre inquiétude quant aux risques que les vagues de violence qui submergent le pays font peser sur l’information. Le Pakistan est à ce jour le pays le plus meurtrier au monde pour les journalistes depuis le début de l’année 2013. Le contrôle de l’information, la censure et les pressions exercées sur les journalistes et net-citoyens dans les zones tribales doivent être combattues, et tous les moyens mis en œuvre pour empêcher leur extension aux autres provinces du pays et la constitution de véritables “trous noirs de l’information”. La tenue d’élections démocratiques ne saurait être mise à mal par des groupes terroristes faisant régner la terreur. Depuis le début de l’année 2013, au Pakistan, six journalistes ont été assassinés, dans l’exercice de leurs fonctions. Quatre d’entre eux ont perdu la vie dans la province du Baloutchistan : le 10 janvier 2013, Mohammad Iqbal (News Network International), Saifur Rehman et Imran Shaikh (Samaa News), ont été tués dans un double attentat à Quetta, et le 1er mars 2013, Mehmood Ahmed Afridi, correspondant pour le journal Intikhab, a été assassiné à Kalat par l’Armée de Libération du Baloutchistan (BLA). Le 27 février, Malik Mumtaz Khan, journaliste à Geo News TV et pour le groupe de presse Jang, a été assassiné par balles dans le Nord-Waziristan. Aslam Durrani, secrétaire de rédaction pour le quotidien en langue ourdoue Daily Pakistan, a perdu la vie au cours de l’attentat-suicide qui a tué 17 personnes au cours d’un meeting du Parti National Awami le 16 avril 2013 à Peshawar. Avec la tenue d’élections législatives libres, un nouvel espoir semble se dessiner pour l’instauration de la démocratie au Pakistan. Pour que cette expérience soit réussie, il vous appartient, responsables gouvernementaux et représentants de partis politiques, d’assurer le respect de la liberté de la presse. Dans ce but, Reporters sans frontières vous exhorte à mettre en place des moyens efficaces permettant d’assurer la sécurité physique des journalistes, et la levée totale de l’impunité des assassins d’acteurs de l’information. Les auteurs et les commanditaires de ces crimes doivent impérativement être identifiés, et poursuivis en justice. Nous appelons le gouvernement à mettre fin aux exactions commises par le Military Intelligence, l’Intelligence Bureau et en premier lieu l’Inter-Services Intelligence (ISI), impliquées dans de nombreux cas de surveillance, d’enlèvements, de tortures et d’assassinats de journalistes. Nous vous enjoignons également à faire respecter la publication et la diffusion de toutes les informations relatives à la tenue et aux résultats de ces élections, afin d’assurer toute la transparence nécessaire à leur crédibilité. Reporters sans frontières reste à vos côtés pour vous soutenir dans ces démarches, et accompagner le Pakistan dans sa marche vers la démocratie. Restant à votre disposition pour discuter de manière détaillée des points soulevés dans ce courrier, nous vous prions d’agréer, Mesdames, Messieurs, l’expression de notre haute considération, Christophe Deloire, Secrétaire Général de Reporters sans frontières Retrouvez les fiches descriptives des trois “prédateurs de la liberté de l’information” pakistanais : - Le Mollah Mohammad Omar - Les agences de renseignement pakistanaises - Les groupes armés baloutches Photo : A. MAJEED / AFP
Publié le
Updated on
20.01.2016