Égypte : RSF demande aux autorités de faire la lumière sur l'enlèvement du caricaturiste Ashraf Omar
Le traducteur et caricaturiste Ashraf Omar, contributeur du site d’information en ligne égyptien Al-Manassa, a été enlevé à son domicile du Caire, la capitale. Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités égyptiennes à faire toute la lumière sur le sort du professionnel de l’information.
Mise à jour le 6/8/2024 : Ashraf Omar est réapparu au bureau du procureur général au Caire le 24 juillet. Il a été placé en détention provisoire, accusé de "diffusion de fausses nouvelles" pour des caricatures sur la crise économique. Alors que sa détention provisoire a été renouvelée pour 15 jours supplémentaires ce 5 août, son avocat a révélé qu'il avait été torturé par électrocution. Ces actes ignobles doivent cesser, Ashraf Omar doit être libéré sur-le-champ et les charges contre lui doivent être abandonnées.
Dans la nuit du 21 au 22 juillet, à 1h30 du matin, au Caire, deux minibus se sont arrêtés devant le domicile d’Ashraf Omar, caricaturiste et traducteur contribuant à de nombreux médias, dont le média en ligne indépendant Mada Masr et, plus récemment, al-Manassa. C’est ce qu’ont dévoilé les images des caméras de surveillance consultées par son épouse Nada Mougheeth le lendemain matin.
Il réapparaît sur les images de surveillance à 2h10, accompagné de plusieurs hommes en civil. Les yeux bandés et menottés, il est conduit de force à l’intérieur du minibus. "Tant qu'il ne m'appelle pour me dire qu'il est détenu au commissariat X ou Y, je considère qu’il a été enlevé”, témoigne sa femme à RSF.
Dans un article, le média auquel collabore Ashraf Omar, al-Manassa affirme avoir interpellé le procureur général Mohamed Shawky, lui intimant de “clarifier la situation du journaliste, d'annoncer son lieu de détention et les charges retenues contre lui, et de permettre à son avocat de le rencontrer”. Dans un communiqué, la commission des libertés du syndicat de la presse en Égypte, a condamné “l’arrestation du caricaturiste” tout en demandant “la divulgation de son lieu de détention et des circonstances de son arrestation, ainsi que sa libération immédiate”.
“Il n’est malheureusement pas rare, en Égypte, que des journalistes disparaissent avant de réapparaître dans une salle de tribunal, quelques jours plus tard, en tant que prisonnier. Ce type de méthode n’est pas digne d'un État de droit. Nous demandons aux autorités égyptiennes de sortir de leur silence, de mettre tout en œuvre pour retrouver le caricaturiste et de veiller à ce qu'il retrouve sa famille. Ces pratiques qui terrorisent les journalistes doivent cesser.
Faute de parvenir à le joindre par téléphone ce lundi 22 juillet au matin, la femme d’Ashraf Omar, qui n’était pas à leur domicile au moment de l’enlèvement, a alerté ses voisins et le gardien de l’immeuble. Ces derniers ont trouvé la maison en désordre, la télévision allumée, et les affaires du caricaturiste – son téléphone, son ordinateur portable, son portefeuille, et son argent – avaient disparu avec lui, selon les propos rapportés à RSF par Nada Mougheeth.
Des journalistes qui disparaissent
Au moins cinq des 15 autres professionnels des médias actuellement emprisonnés en Égypte ont également disparu pendant plusieurs jours avant de réapparaître derrière les barreaux. C'est le cas notamment de l'ancien rédacteur en chef du site d’information en ligne IslamOnline et de l’agence de presse Anadolu, Tawfik Ghanem. Aujourd'hui âgé de 70 ans, le journaliste a disparu le 21 mai 2021, puis est réapparu devant le parquet le 26 mai de la même année. Il est emprisonné sans jugement depuis lors.
L'Égypte est classée 170e sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse de RSF pour 2024 et reste l’un des pays les plus prédateurs pour les médias et les journalistes.