Zakia Zaki avait reçu des menaces de mort peu avant son assassinat

Alors que la police a annoncé avoir arrêté des suspects dans l'assassinat de Zakia Zaki, la directrice de la station Sada-e-Sulh (Radio de la Paix), Reporters sans frontières appelle à poursuivre l'enquête, sans négliger aucune piste.

Interviewé par la BBC, l'époux de Zakia Zaki, Abdul Ahad Ranjbar, a confié que sa femme avait reçu des menaces de mort avant son assassinat, le 6 juin 2007. Zakia Zaki, voulant préserver sa famille, avait préféré n'en parler qu'à sa sœur, Nazifa Zaki, qui détient le grade de général dans l'armée afghane. Cette dernière a souhaité attendre la fin du deuil avant d'expliciter les détails de ces menaces au mari de la journaliste. Ce dernier a expliqué comment l'un de ses fils l'a averti dans la nuit du meurtre : "Rentre, maman a été tuée". Il a trouvé le corps de sa femme, étendu, avec une balle dans la tête et une autre dans le torse. Son nourrisson ainsi que son fils âgé de sept ans se trouvaient dans la chambre de leur mère au moment du crime. Ils n'ont pas été blessés. M. Ranjbar affirme avoir toujours été inquiet pour sa femme étant donné son militantisme. "Elle a toujours dû faire face à des menaces de plusieurs groupes, mais elle n'a jamais voulu céder. Elle n'avait jamais peur", a ajouté son époux. ------- 8.06.07 Reporters sans frontières rend hommage au courage et au talent de Zakia Zaki Alors que la police a annoncé avoir arrêté des suspects dans l'assassinat de Zakia Zaki, la directrice de la station Sada-e-Sulh (Radio de la Paix), Reporters sans frontières appelle à poursuivre l'enquête, sans négliger aucune piste. Des proches de la journaliste affirment que des chefs de guerre locaux sont derrière cet assassinat, tandis que les autorités le lient au groupe armé Hezb-i-Islami. "Rien ne pourra nous faire oublier le courage et le talent de Zakia Zaki. Pour que ce crime ne reste pas impuni, nous comptons sur la mobilisation des médias afghans et internationaux. Seule une enquête indépendante permettra de dissiper les doutes qui existent déjà sur l'identité et les motivations des tueurs. Les menaces qui pèsent sur la liberté de la presse et les droits des femmes, deux acquis de la période post-taliban, nous préoccupent au plus haut point", a affirmé l'organisation. Reporters sans frontières tient à rappeler que c'est le commandant Ahmed Shah Massoud qui avait personnellement soutenu le lancement de Sada-e-Sulh, avant même que les taliban ne soient chassés de Kaboul. L'association française Droit de parole avait financé les premières installations de la radio qui continue à émettre malgré la mort de sa fondatrice. Lors des funérailles de Zakia Zaki, le 6 juin, des centaines d'habitants de Jabalussaraj, de journalistes et de femmes lui ont rendu hommage. Des chefs religieux locaux ont salué cette femme qui était "une mère, une épouse et une leader" de la communauté. Le 7 juin, Abdul Manan Farahi, chef du département antiterroriste du ministère de l'Intérieur, a affirmé que six suspects avaient été arrêtés, et que deux d'entre eux, liés au groupe extrémiste Hezb-i-Islami de Gulbadin Hekmatyar, seraient les tueurs. Ils seraient actuellement interrogés. Le même jour, des organisations de journalistes ont organisé à Kaboul une conférence de presse pour dénoncer cet assassinat, le climat de violence actuel et l'incapacité des autorités à protéger les journalistes. Cet assassinat est survenu quelques jours après celui d'une jeune présentatrice de télévision qui se savait menacé, et quelques semaines après la tentative d'assassinat de Ahmad, un journaliste d'une nouvelle radio dans le district de district de Nijrab, voisin de la province de Parwan. Le reporter a été sérieusement blessé le 25 mai. Avec l'aide de l'organisation AINA, un documentaire présentant Zakia Zaki est disponible sur You Tube à l'adresse : http://www.youtube.com/watch?v=lf4j9pQ7L6M Des portraits de Zakia Zaki, réalisés par des photographes d'AINA, sont également téléchargeables ici.
Publié le
Updated on 20.01.2016