Yu Jie et Liu Xiaobo, deux intellectuels qui publient régulièrement des articles sur Internet, ont été interpellés le 13 décembre 2004 puis relâchés le lendemain. Les autorités leur reprochent de porter atteinte à la sécurité de l'Etat et leur ont fortement conseillé d'arrêter d'écrire. Reporters sans frontières dénonce la volonté du gouvernement chinois de faire taire les voix dissidentes.
Yu Jie et Liu Xiaobo, deux intellectuels qui publient régulièrement des articles sur Internet, ont été interpellés le 13 décembre 2004 puis relâchés le lendemain. Les autorités leur reprochent de porter atteinte à la sécurité de l'Etat et leur ont fortement conseillé d'arrêter d'écrire. Leurs domiciles sont placés sous surveillance policière.
Reporters sans frontières condamne l'attitude des autorités chinoises envers Yu Jie et Liu Xiaobo. " Ces intimidations et sanctions démontrent une fois encore la volonté du gouvernement chinois de faire taire les voix dissidentes ", a déclaré l'organisation.
Yu Jie, interpellé à son domicile de Pékin le 13 décembre 2004 vers 18h (heure locale), est rentré chez lui le lendemain matin, peu avant 9h30. " La police m'a m'interrogé sur des articles que j'ai publiés à l'étranger ", a déclaré Yu Jie à Reporters sans frontières, quelques heures après sa libération. " Les policiers avaient imprimé tous mes articles. Ils m'ont demandé de les signer pour confirmer que c'était bien moi qui les avait écrits ", a ajouté l'écrivain.
Selon les informations données par Yu Jie à Reporters sans frontières, les autorités lui ont dit qu'il se trouvait, à cause de ses écrits, dans une situation extrêmement dangereuse. L'intellectuel a été relâché à la condition de laisser la police, qui n'avait pourtant pas d'autorisation officielle, copier l'ensemble des données stockées dans son ordinateur. Aujourd'hui, les conversations téléphoniques de Yu Jie sont régulièrement coupées et l'écrivain ne peut plus accéder à Internet.
En septembre dernier, il avait été invité en France par le ministère des Affaires étrangères. Lors de ce séjour, Yu Jie avait rencontré plusieurs organisations de défense des droits de l'homme, dont Reporters sans frontières.
Liu Xiaobo a également été interpellé par la police le 13 décembre au soir, avant d'être relâché le lendemain matin. Les autorités ont averti l'écrivain que ses écrits " étaient allés trop loin ". Son ordinateur a été confisqué et l'intellectuel est actuellement assigné à résidence. Liu Xiaobo avait déjà été arrêté à plusieurs reprises mais c'est la première fois que son domicile est ainsi fouillé et placé sous surveillance.
Cet intellectuel, militant emblématique des droits de l'homme, est un ardent défenseur de la liberté d'expression. Liu Xiaobo est notamment à l'origine d'une pétition en faveur de la libération du cyberdissident Du Daobin, envoyée au Premier ministre chinois Wen Jiabao. Liu Xiaobo avait par ailleurs contribué au rapport " Internet sous surveillance " de Reporters sans frontières.
Enfin, un troisième intellectuel réformiste, Zhang Zuhua, a été interpellé le 13 décembre. Il a passé la nuit en garde à vue. Ce poète chinois était notamment l'un des signataires, en mai dernier, avec Yu Jie et Liu Xiaobo, d'un texte demandant au gouvernement de présenter des excuses pour la sanglante répression du mouvement de la place Tiananmen en 1989. Zhang Zuhua publie également des articles sur Internet, notamment sur son site www.zhendan.cn.