Yémen : un journaliste échappe à ses geôliers

Un journaliste disparu depuis près de deux mois est parvenu à s’enfuir de l’endroit où il était détenu. Reporters sans frontières (RSF) s’inquiète pour sa sécurité et tient les autorités responsables de son intégrité physique.

Après 56 jours de détention, Yahya Al-Sowary, photographe indépendant et reporter pour Belqees TV, a annoncé le 27 août sur sa page Facebook être parvenu à s’enfuir du lieu de détention où il avait été récemment transféré. 

Yahya Al-Sowary avait été enlevé le 5 juillet 2019 par des hommes armés alors qu’il tentait de filmer un blessé dans un hôpital de la ville de Ghaydah (province de Mahra, dans l’est du Yémen), à la suite d'une perquisition par des Saoudiens à Mahra. “Je ne savais pas où j'étais, on m'a emmené dans plusieurs prisons, avec les yeux bandés et les mains attachées au dos”, raconte-t-il. 

Au cours de sa détention, le journaliste explique avoir subi de nombreux interrogatoires sur des liens supposés avec le Hezbollah et l’Iran (alliés des rebelles houthis) et avoir été sévèrement torturé. Ses ravisseurs, qu’il accuse d’être liés au gouverneur de la province, Rageh Bakrit, lui auraient également demandé de se filmer en avouant qu’il espionnait pour le compte du Qatar. 

Le récit glaçant de Yahya Al-Sowary témoigne de l’insécurité permanente des journalistes yéménites, pris au piège entre les différentes forces en présence qui les considèrent comme des espions dès qu’ils couvrent un événement sensible, réagit le bureau Moyen-Orient de Reporters sans frontières (RSF). Même en liberté, Yahya Al-Sowary est toujours en grand danger.  Il est de la responsabilité directe du gouverneur de la province, où le journaliste a été enlevé, d’assurer désormais sa sécurité.

La fuite de Yahya Al-Sowary porte le nombre de journalistes disparus au Yémen à 19, selon le dernier décompte de RSF. Le pays occupe aujourd’hui la 168e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF. 

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Mise à jour le 29.08.2019