Yémen : deux journalistes emprisonnés à Aden

Deux journalistes sont emprisonnés à Aden depuis plusieurs semaines sans aucun motif et leurs proches restent sans aucune nouvelle. Reporters sans frontières (RSF) s’inquiète de la multiplication des violations contre les journalistes dans la région d’Aden et appelle à leur libération immédiate.

Une semaine s’est écoulée entre les deux arrestations. Les journalistes Ammar Makhshef et Raafat Rashad ont été emprisonnés par les autorités d’Aden, respectivement le 7 octobre et le 30 septembre derniers. Le premier est un journaliste sportif indépendant. Les forces de sécurité se sont introduites dans son domicile et l’ont conduit en détention sans aucun motif. Ses proches n’ont aucune nouvelle de lui.


Le second est le directeur des radios locales Bandar Aden et de Adania. Selon sa famille, des hommes armés affiliés au Conseil de transition du sud (CTS), qui contrôlent la zone, ont perquisitionné le siège des radios mais le journaliste ne s’y trouvait pas. Ils ont alors demandé aux employés de l’informer qu’il était convoqué au siège des services de sécurité. Le journaliste s’y est rendu et n’en est plus sorti.


Deux semaines plus tard, des sources proches du CTS ont confirmé qu’un mandat d’arrêt avait été émis contre le journaliste et qu’il était placé dans un centre de détention, sans préciser lequel. La famille, qui ne peut plus lui rendre visite, a également assuré que les autorités s’apprêtaient à le libérer mais qu’elles étaient revenues sur leur décision.


Il s’en est fallu de peu pour qu’un troisième journaliste soit emprisonné lui aussi. Le 12 octobre, des hommes armés ont fait irruption au domicile du journaliste indépendant Mustafa Al-Mansouri pour l'interpeller mais il ne s’y trouvait pas. 


RSF appelle les autorités d’Aden à libérer les deux journalistes au nom de la liberté de la presse que le Conseil de transition du sud prétend défendre, déclare Sabrina Bennoui, responsable du bureau Moyen-Orient de RSF. Leur arrestation s’est inscrite dans une vague d’intimidations très préoccupante contre les journalistes, dont la tendance ne fait que se confirmer dans la province depuis plusieurs mois.


Par ailleurs, d’autres violations commises contre les journalistes sont à déplorer dans le reste des zones de contrôle du Yémen. À Sanaa (sous contrôle houthi), le photographe et réalisateur Abdulrahman Al-Ghabry a été placé en détention le 29 septembre avant d’être libéré. Dans l’Hadramout (sous contrôle du gouvernement officiel), le 23 octobre, les forces de sécurité ont fait intrusion au domicile du rédacteur en chef du site Almandebnews Osama Bin Fayed.


Contacté par RSF, le gouvernorat d'Aden n’a pas donné suite.


Le Yémen occupe la 169e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.

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Mise à jour le 28.10.2021